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Un homme de grande culture, ouvert d’esprit et généreux. C’est ainsi qu’apparaît Max Warschawski (1925-2006), à travers les témoignages de ceux qui l’ont connu. « C’était un humaniste en tant que juif, qui plaçait l’homme comme priorité sur toute autre chose », synthétise l’un de ses fils, Daniel.

Max Warschawski avait une véritable vocation de rabbin. Ses premières fonctions, il les prit en 1948, à Bischheim, en même temps que la responsabilité de l’enseignement religieux dans les établissements secondaires.

La communauté a choisi le rabbin plutôt que l’orgue

Il avait bien failli entamer sa carrière à Strasbourg, en tant qu’adjoint au grand rabbin Deutsch. Mais, comme ce dernier, il était opposé à faire sonner l’orgue le jour du Shabath et la communauté cherchait alors un rabbin plus libéral. « Mon père a toujours été intransigeant quant aux lois du judaïsme, mais ouvert, prêt à discuter et à comprendre les autres », souligne Daniel Warschawski.

Il dut donc attendre mais, le 1er janvier 1955, « Max Warschawski devint rabbin de Strasbourg, accueilli avec joie par toute la communauté, qui finalement a choisi le rabbin plutôt que l’orgue que certains des administrateurs auraient préféré », raconte son gendre Michel Rothé (*). C’est en 1970 qu’il succéda à Abraham Deutsch, en tant que grand rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin, jusqu’à sa retraite. Pendant toute sa carrière, il s’imposa comme un véritable éducateur, conseiller, et défenseur de l’unité de la communauté.

« Le rabbinat, c’était toute sa vie : il s’occupait du culte et de la communauté, il accompagnait les juifs dans toutes les étapes de leur vie. Il était surtout le rabbin de tous, aussi bien ceux qui étaient très religieux, que ceux qui pratiquaient modérément et ceux qui ne pratiquaient pas ; ils le considéraient comme une oreille attentive », se souvient son fils aîné, Michel. À Strasbourg, la maison des Warschawski ne désemplissait pas. Ses enfants ont encore en mémoire les nombreux élèves que recevaient le rabbin et son épouse, Mireille, laquelle s’occupait plus particulièrement des jeunes filles.

Militant pour la paix

À l’heure de la retraite, en 1987, le couple a réalisé son « alya », l’installation en Israël. Max Warschawski a continué à y être actif, notamment auprès de ceux qui possèdent des racines alsaciennes. « Il avait, autour de lui, une petite communauté informelle qui venait lui demander conseil à propos de religion, de famille ou d’éducation. Il continuait à assumer des cours deux ou trois fois par semaine », raconte Michel Warschawski.

Le rabbin alsacien était connu en tant que militant pour la paix et les droits de l’homme, des valeurs qu’il a transmises à ses sept enfants, dont six se sont installés en Israël. « Son amour pour ce pays était théologique, pas politique », insiste Daniel Warschawski. « La politique israélienne, la perte de repères moraux c’est une des choses qui l’ont le plus affecté », complète Michel.

Dès 1948, il avait voulu s’installer sur « la terre des patriarches ». Mais on avait besoin de son aide en France, pour reconstruire la communauté après le cataclysme de la Deuxième Guerre mondiale. Un épisode qui marquera à jamais son existence.

Fils d’immigrés polonais, d’un milieu ouvrier, Max Warschawski était né à Strasbourg en 1925. En 1941, la famille se réfugia près de Périgueux, et c’est au Petit séminaire israélite de Limoges qu’il poursuivit ses études secondaires.

La direction de l’établissement était alors assumée par le rabbin alsacien Abraham Deutsch, qui le poussa à suivre ses traces. Mais ses études furent interrompues : en 1944, Max Warschawski rejoignit la Résistance, dans le maquis du Tarn. À la libération de Paris, quelques mois plus tard, il commença ses études rabbiniques au séminaire de la rue Vauquelin et les poursuivit au Jews College de Londres, grâce à une bourse décrochée au mérite.

Ce fils d’immigré était aussi devenu, au fil des ans, l’un des plus grands spécialistes de l’histoire du judaïsme alsacien (**). Il vécut, en effet, la plus grande partie de son enfance dans sa ville natale et y apprit l’alsacien dans la rue. Mais ses deux années passées à Quatzenheim, où son père l’avait placé avec son frère et sa sœur, dans une famille amie, suite au décès de leur mère, éveillèrent son intérêt pour le judaïsme alsacien : c’est à Quatzenheim qu’il apprit à parler le « yiddish daitsch » (judéo-alsacien) et découvrit la vie d’une communauté rurale.

Ce lundi 1er juin à midi, l’allée Max-Warschawski sera inaugurée en présence de quelques-uns de ses nombreux petits-enfants et de ses enfants – sur les sept, Judith et Elisabeth, décédées, manqueront à l’appel. Michel Warschawski rendra hommage à son père, mais aussi à sa mère, Mireille.

(*) Site du judaïsme d’Alsace et de Lorraine : judaisme.sdv.fr (**) « Les synagogues d’Alsace et leur histoire », Max Warschawski et Michel Rothé, 1992.

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Feuille de chou

L’auteur de ce billet se réjouit de voir honoré l’ex Grand-Rabbin de Strasbourg qu’il a eu comme maître tant au Lycée Fustel de Coulanges qu’au Talmud-Torah pour la préparation de sa barmitzvah.

Et le plaisir est augmenté du fait de la présence parmi les enfants et petits-enfants du rabbin de son fils aîné, Michel Warschawski, Mikado, pour tous ses amis palestiniens, arabes et antisionistes du monde entier.

Max Warschawski était, selon Michel, le seul rabbin francophone membre en Israël des Rabbis for Human Rights et son épouse Mireille était très engagée auprès des femmes palestiniennes.

La Communauté juive du Bas-Rhin qui jamais ne l’invite dans ses locaux, forcée de côtoyer notre camarade parmi les invités de la ville de Strasbourg, un régal!

A Jérusalem avec une de ses sœurs, Judith, Femme en noir, faisant un piquet devant la maison du premier Ministre.

Michel Warschawski et Jean-Claude Meyer à Tel-Aviv 2004 feuille2chouphoto

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