On le sait, il n’est pas facile d’être Palestinien dans un « État juif ». Mais la récente révolte des juifs d’origine éthiopienne rappelle qu’il ne suffit pas d’appartenir à cette religion pour ne pas être discriminé. Et que, même juif, il vaut mieux être Blanc que Noir dans une société divisée socialement et ethniquement et où le racisme institutionnel est légitimé par les principaux ministres du nouveau gouvernement de Benyamin Nétanyahou.
Qui s’intéresse un tant soit peu à Israël connaît le conflit israëlo-palestinien. Souvent même, il sait que la minorité palestinienne d’Israël — ceux qu’on a longtemps appelés les « Arabes israéliens » — est soumise à une discrimination structurelle. En revanche, on connaît beaucoup moins les divisions et les discriminations au sein même de la population juive israélienne.
Certes, Israël étant constitutionnellement un « État juif », le fait d’être juif confère un statut privilégié par rapport à tous les autres citoyens, indépendamment de la place sociale ou de l’origine ethnique. C’est écrit noir sur blanc dans un nombre limité de lois, mais c’est surtout ancré dans la pratique des institutions gouvernementales dont l’objectif prioritaire reste, près de 70 ans après la création de l’État d’Israël, de renforcer ce dernier comme « État juif et démocratique ».
Ceci dit, les privilèges octroyés aux juifs par l’« État juif » sont inégalement partagés : selon un récent rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)1, Israël est le deuxième pays industrialisé où le fossé entre riches et pauvres est le plus important. Elle est loin derrière nous, l’image d’Israël comme modèle d’État social — voire socialiste — et égalitaire… L’offensive néolibérale menée par Benyamin Nétanyahou dans les années 1980 a été d’une sauvagerie sans précédent parmi les nations industrialisées. Auprès de lui — à l’époque ministre des finances2 —, Margaret Thatcher fait figure de Mère Teresa.
Les divisions qui traversent la société juive israélienne sont à la fois sociales et ethniques, les deux étant souvent imbriqués : les plus riches sont d’origine européenne, les plus pauvres, d’« Afrique-Asie », selon le terme utilisé par le bureau central de statistiques israélien. Et tout en bas de l’échelle se trouvent les juifs originaires d’Éthiopie.
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