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Cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,

C’est une bien mauvaise nouvelle que nous devons vous annoncer en cette rentrée 2015.

L’avenir du mouvement des ASTI est mis en péril par le refus de subvention que nous a opposé le Ministère de l’Intérieur par l’intermédiaire de la DAAEN (Direction de l’accueil, de l’accompagnement des étrangers et de la nationalité), au cœur de l’été. Un refus justifié par ces quelques lignes : « Malgré tout l’intérêt porté à votre demande, j’ai néanmoins le regret de vous informer que votre projet n’a pu être retenu au regard des priorisations que l’administration a dû effectuer dans le cadre d’une enveloppe budgétaire contrainte ».

Depuis quatre ans la DAAEN nous accordait une subvention d’un montant de 105 000 euros. Cette subvention visait à former les militant-e-s et les bénévoles aux droits des étranger-e-s, aux techniques d’écoute et d’accueil, à la prévention et détection de situations de violences faites aux femmes, à la sécurisation des parcours d’insertion, entre autres. Elle visait aussi à créer des outils et permettre des espaces de mutualisation des pratiques locales (accompagnement des personnes primo-arrivantes, accompagnement à la scolarité, formation linguistique, orientation vers les structures de droits commun, etc.)

Comme vous le savez, ce travail est essentiel pour mener et renforcer nos actions de terrain auprès des personnes migrantes et/ou en situation de vulnérabilité visant l’égalité des droits et le bien vivre ensemble.

Aujourd’hui par ce refus total, cette décision met en danger le mouvement des ASTI. Faute de justificatifs circonstanciés (aucun élément ne nous a été fourni jusqu’à ce jour pour contester la qualité de nos prestations et le sérieux de nos actions), nous pouvons nous interroger sur l’origine politique de ce retrait total de cette subvention à la FASTI. Dès réception de ce courrier, nous avons demandé un rendez-vous à  la directrice de la DAAEN qui devrait avoir lieu courant septembre.

Les mesures d’austérité, qui ont déjà considérablement réduit le tissu associatif, nous concernent aujourd’hui et risquent de faire disparaître une structure qui depuis 50 ans est connue pour son expertise, son action de terrain et son travail pour une citoyenneté réelle.

Par ailleurs, nous nous interrogeons sur le sens de cette décision dans un contexte général où :

– Le nombre de personnes mourant sur les routes migratoires n’a jamais été aussi élevé ;

– Les discours ouvertement xénophobes sont décomplexés ;

– Les actes racistes se multiplient et les discriminations envers les étranger-e-s et les héritier-e-s  de l’immigration sont monnaie courante ;

– Les lois sont de plus en plus suspicieuses et criminalisantes pour les migrant-e-s.

Face à cette situation et pour favoriser une société de démocratie réelle où chacun-e ait sa place, des associations comme la nôtre qui agissent avec les premier-e-s concerné-e-s sont nécessaires. C’est pourquoi nous devons nous mobiliser et agir, là où nous sommes. C’est urgent ! Vous pouvez nous joindre en nous écrivant à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.” style=”line-height: 1.3em;”>coordination@fasti.org / 01 58 53 58 53.

Nous comptons sur votre soutien ! La FASTI ne doit pas disparaître !

Vous pouvez nous soutenir en faisant un don en espèce, par chèque (à l’ordre de la FASTI) – 58 rue des Amandiers 75020 Paris. Ou par virement sur le compte CCP n° 15 269 21 C PARIS

Merci de votre solidarité.

Télécharger l’appel à dons :

FASTI_appel_dons

http://www.fasti.org/index.php/fasti28?id=182

Voici la tribune de soutien parue dans le journal L’Humanité le 9 septembre 2015 :

L’Etat veut couper les vivres à la FASTI

L’État dépense des dizaines de millions d’euros pour empêcher les migrant-e-s de poursuivre leur route migratoire, des centaines de millions d’euros pour expulser des étranger-e-s vivant tranquillement en famille, ou encore des réfugiés vers leurs pays en guerre comme le Soudan et l’Afghanistan ; il bloque les réfugiés à la frontière italienne au mépris des accords de Schengen,  il laisse à la rue des centaines d’enfants étrangers sans famille, et il fait voter des lois de réclusion renforcée des demandeurs d’asile malchanceux.

Derrière cette spectaculaire politique de fermeture, on connaît peu l’entreprise de précarisation grandissante des migrant-e-s par toutes sortes de ruses administratives, et encore moins le travail de fourmi des associations auxquelles l’État délègue la mission d’accueil, d’accompagnement et d’ insertion sociale des immigré-e-s. Parmi elles, les 57 Associations de Solidarité avec Tou-tes les Immigré-e-s (ASTI) et leur fédération, la FASTI, sont ainsi mobilisées pour l’égalité des droits de toutes et tous. Leurs actions, comme celles d’une large partie du monde associatif, sont financées majoritairement  par des fonds publics à différents échelons – collectivités territoriales, ministères, agence régionale de santé (ARS)… – sur la base d’appels à projets, renouvelés année après année. Ces financements sont nécessaires à la FASTI pour assurer les missions que lui ont confiées les Asti, et notamment de coordination, de formation et de mutualisation des pratiques locales (accompagnement des personnes primo-arrivantes, accompagnement à la scolarité, formation linguistique, orientation vers les structures de droits commun, etc.).

Aujourd’hui, la FASTI est en danger : une récente décision du ministère de l’Intérieur par le biais de la Direction de l’accueil, de l’accompagnement des étrangers et de la nationalité (DAAEN) compromet gravement la survie de ce mouvement pour la solidarité et la défense des droits des migrant-e-s. En effet, la DAAEN vient de mettre un terme brutal à la subvention qu’elle accordait à la FASTI depuis plusieurs années, d’un montant de 105 000 euros annuels, une part conséquente d’un budget qui permettait de financer la formation des militant-e-s et bénévoles aux droits des étranger-e-s, aux techniques d’écoute et d’accueil, à la prévention et à la détection des situations de violences faites aux femmes.

Via quelques lignes transmises début août,  la DAAEN informe ainsi que « malgré tout l’intérêt porté à votre demande, j’ai néanmoins le regret de vous informer que votre projet n’a pu être retenu au regard des priorisations que l’administration a dû effectuer dans le cadre d’une enveloppe budgétaire contrainte ». C’est dans cette logique néolibérale et de mise en concurrence des associations qu’on choisit, qu’on trie… Une association de plus qui disparaît au nom de priorités (dont nous ne connaissons le contenu) devient juste un acte technique.

Usager-e-s, militant-e-s associatif-ve-s, bénévoles, chercheurs-euses, artistes, éditeurs/éditrices avocat-e-s, médecins …, nous avons fait route avec la FASTI et/ou nous soutenons ses actions. Nous nous reconnaissons dans les batailles menées contre les discriminations sexistes, sociales et racistes, des années 1960 jusqu’à aujourd’hui, et dans les actions visant à favoriser l’émancipation de toutes et tous (permanence d’accès aux droits, ateliers sociolinguistiques, accompagnement à la scolarité, repas partagé…).

Nous ne pouvons pas accepter que soit ainsi sacrifiée une fédération d’associations et, avec elle, la vie de 25 000 bénéficiaires, l’engagement de 2 000 bénévoles et d’une dizaine de salarié-e-s. Sacrifier la Fasti sous couvert d’économies, c’est faire disparaître une association sérieuse, engagée, militante, qui participe, au quotidien, à faire vivre la solidarité et les engagements contenus dans la déclaration internationale des droits de l’Homme, le préambule de la Constitution française et toutes les conventions en matière de respect des droits humains signés par la France. C’est faire le choix d’asphyxier un contre-pouvoir pourtant nécessaire à la vie démocratique.

Ceci, alors même que le contexte national et international exigerait un renforcement de son action. Le nombre de personnes mourant sur les routes migratoires n’a en effet jamais été aussi élevé, les actes racistes se multiplient et les discours publics ouvertement xénophobes se banalisent, les lois sont de plus en plus répressives, liberticides et suspicieuses à l’égard des migrant-e-s et de leur soutien, quand elles ne contribuent pas à les criminaliser.

Détruire une organisation comme la FASTI, c’est affirmer l’abandon d’une politique migratoire respectueuse des droits humains, c’est affirmer l’abandon pur et simple du principe de solidarité.
Pour une véritable égalité des droits, la FASTI doit vivre !

Premiers signataires : Jérôme Ruillier, scénariste et dessinateur de bandes dessinées – Christophe Dabitch, auteur de bandes dessinées et écrivain – Benjamin Flao, scénariste et dessinateur de bandes dessinées – Lionel Brouck, dessinateur de bandes dessinées – Julien Salingue, docteur en sciences politiques – Eric Fassin, sociologue Université Paris 8 – François Brun, sociologue – Pierre Barron, sociologue – Nicolas Jounin, sociologue – Pedro Vianna, poète – Olivier Le Cour Grandmaison, politologue – Françoise Lorcerie, directrice de recherches au CNRS – Emmanuel Terray, anthropologue – Marguerite Rollinde, sociologue – Claude Calame, directeur d’études Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales – Laure Pitti, historienne – Editions L’Agrume – Grégory Lasalle, documentariste – Romain GOUPIL, cinéaste – Laurent CANTET, cinéaste – Christophe RUGGIA, cinéaste – Brigitte Rouan, cinéaste et comédienne – Patrick PICARD, syndicaliste CGT – Christine KERMOAL, syndicaliste CGT – Birgit HILPERT, syndicaliste CGT – Marc NORGUEZ, syndicaliste CGT – Eric Beynel, secrétariat national de l’Union Syndicale Solidaires – Cécile Gondard Lalanne, secrétariat national de l’Union Syndicale Solidaires – Sébastien Peigney, secrétariat national de l’Union Syndicale Solidaires – Gus Massiah, ancien président du CRID – Abdallah Zniber, ancien président du réseau IDD – Mouhieddine Cherbib, ancien président de la FTCR – Jean Rousseau, président d’Emmaus international – Sissoko Anzoumane, porte parole de la CSP75 (coordination sans papiers 75) et CISPM (coalition internationale des sans papiers et migrants) – Françoise Martres, présidente du Syndicat de la Magistrature – Françoise Dumont, présidente de la LDH – Patrick Farbiaz, représentant de Sortir du colonialisme – La Cimade – MRAP – Comède – GISTI

http://www.humanite.fr/letat-veut-couper-les-vivres-la-fasti-583620