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21 janvier 2016

Transformation de l’A35, pourquoi attendre ?
Les rapports, les analyses, la mise en garde de nombreux médecins, les informations dans les médias, décrivent la situation sanitaire dramatique engendrée par la pollution due à l’autoroute (A35) qui traverse Strasbourg.
Les morts prématurées se comptent par centaines chaque année, les maladies chroniques liées à cette pollution aussi. Le récent rapport du Sénat (8 juillet 2015) met en évidence les conséquences sanitaires et financières de cette pollution. De plus, il précise que prendre des mesures pour la réduire serait une source d’importantes économies. Mais rien ne se fait.
Pourtant les récentes dispositions liées au marché de Noël, interdisant la circulation dans le centre-ville, n’ont-elles pas brillamment démontré que la circulation peut être drastiquement réduite ? Chacun a pu constater que, d’un seul coup l’air était devenu respirable, le calme revenu, et la promenade en ville plaisante, vivifiante ? Chacun n’a-t-il pu en déduire que l’aisance des piétons sur les chaussées montrait bien que l’espace consacré à la l’automobile était excessif, abusif, voire illégitime ?
Alors pourquoi ne pas s’attaquer à la pollution la plus inquiétante : celle liée à l’autoroute qui traverse l’agglomération ? Des approches réalistes indiquent que la circulation peut être réduite dans l’agglomération de 50 à 60%, en 20 à 30 ans, en fonction de la vigueur des mesures appliquées (cf. le site strasboourg2030.com). Certes, il n’est pas simple d’infléchir les habitudes, d’inviter à un peu plus de civisme, mais une fois les mesures prises et les résultats acquis, tout semble découler de l’évidence ; comme le montrent les transformations radicales prises dans de nombreuses villes dans le monde, aux États-Unis, au Canada, ou en Corée du Sud.
Alors pourquoi attendre pour mener les investigations préalables nécessaires ? Faudra-t-il attendre de compter les morts prématurées par milliers, ou attendre que des associations, des groupements d’habitants poursuivent les collectivités territoriales pour « non-assistance à personnes en danger » faute de prendre les mesures adaptées ?
Les mesures dilatoires, telles des voies réservées au bus, au covoiturage, aujourd’hui évoquées sont de la poudre aux yeux, autant accrocher des géraniums aux glissières de sécurité pour rendre les encombrements aimables et la pollution moins toxique.
Il faut réfléchir, imaginer, négocier. Les mesures qui en découleront seront certainement longues à mettre ne œuvre : mais ne s’agit-il pas de travailler sur le long terme ? Il a fallu une cinquantaine d’années pour provoquer les dégâts constatés, il faudra bien 20 à 30 années pour les réparer, à condition de ne plus attendre.
Ces réflexions sont urgentes à mener et les objectifs n’ont rien d’utopique. Erri de Luca n’a t-il pas récemment écrit « l’utopie n’est pas un point de départ mais un point d’arrivée » ?
Micha Andreieff,
Michel Messelis,
Urbanistes.