Impunité pour les policiers du 17 mars : le sang sur les marches de la Fac de Droit de Strasbourg reste sans vérité ni justice !
le 9 Juillet 2016
Le 17 mars 2016, alors que les étudiants et lycéens en lutte contre la loi Travail voulaient tenir une Assemblée Générale unitaire à la Fac de Droit de Strasbourg, la répression avait été des plus sévères. La BAC et les policiers de la DDSP 67 étaient intervenus violamment pour empêcher l’entrée des manifestants dans les locaux, les poussant en bas des marches de la Fac et en utilisant sans merci gaz lacrymo et matraques. Cette répression avait provoqué plusieurs blessés, dont quatre camarades de la Jeunesse Communiste du Bas-Rhin qui avaient dû être hospitalisés.
Les jours suivants, deux d’entre eux avaient été convoqués par le Commissariat central de Strasbourg et auditionnés pour « Violences envers l’autorité publique, Acquisition, port, détention et transport d’armes, Violences sans ou avec ITT inférieure ou égale à 8 jours ». En effet, deux policiers ayant été « blessés » à la main pendant les affrontements, une plainte avait été déposée contre X. Lors de l’audience, notre camarade avait à son tour déposé plainte contre X pour les violences subies.
Le 20 juin 2016, le Parquet du procureur de la République a émis un Avis de classement pour la plainte de notre camarade :
Impunité pour les policiers du 17 mars : le sang sur les marches de la Fac de Droit de Strasbourg reste sans vérité ni justice !
Le mépris de cet Avis de classement est évident. Les vidéos, les photos et les témoignages des affrontements qui auraient pu mener à bien l’enquête ont pourtant été nombreux. D’ailleurs, tout au long de ces quatre mois de luttes contre la loi Travail, nous avons pu constater les talents de cinéastes des policiers, lorsqu’il s’agit bien sûr de filmer les manifestants (pour constituer les dossiers avec lesquels ils pratiquent des interpellations ciblées dans les cortèges ou après la fin des manifestations). Mais pendant les heurts du 17 mars, aucun policier filmait la déroulée des événements. Quand il s’agit de filmer les brutalités policières, la caméra n’est donc pas là. Nous estimons que cela n’est pas dû au hasard. L’excuse que l’arrivée de la police et leur intervention se soient faites dans la foulée n’est pas suffisante. Derrière ce non-respect de la procédure habituelle de la police, il y a probablement des choix bien précis, les autorités policières sachant en avance que leur arrivée sur les marches de la Fac avait une finalité violente. Le fait que les enregistrements soient utilisés exclusivement pour incriminer les manifestants et non pas pour établir les responsabilités des policiers, nous fait conclure que leur utilisation est politique. Tout comme politique est le choix d’avoir classé la plainte et de considérer l’enquête comme conclue alors qu’aucune audition de témoin a été réalisée (même pas des témoins qui avaient pourtant filmé et publié des vidéos des affrontements et qui auraient pu avoir d’autres éléments à rajouter). La volonté d’enterrer les responsabilités de la boucherie du 17 mars est donc à présent manifeste.
Nous n’oublions pas non plus le mépris des institutions universitaires, du président de l’Université de Strasbourg Alain Beretz et de son Conseil d’administration, qui ont autorisé l’intervention policière du 17 mars et qui ont essayé par la suite d’effacer leurs responsabilités tout sans vouloir dénoncer les violences commises. Nous n’oublions pas non plus le mépris des quelques associations étudiantes que, après avoir soutenu la loi Travail, ont salué l’intervention policière et la fermeture administrative du Palais U et du Patio lors de la même journée (ce qui, nous le rappelons, avait obligé les manifestants à replier sur la Fac de Droit), tout en accusant les manifestants de volontés d’occupation et de dégradations des locaux.
L’Avis de classement du 20 juin se rajoute à la longue liste des pratiques judiciaires répressives et méprisantes à l’encontre des militants strasbourgeois : interpellations arbitraires et placements en garde à vue, peines d’amendes et d’emprisonnement ferme ou avec sursis, interdictions de manifester… Pourtant, nous ne nous faisons pas d’illusions sur la justice de la bourgeoisie, une justice de classe qui sert les intérêts des dominants, de ceux qui veulent imposer la loi Travail et la casse sociale. Une justice qui déchaîne toute sa violence lorsque sa classe, la classe dominante, est menacée par une intensification des luttes sociales, telle que pendant le Printemps 2016.
La justice de classe sert à son tour à enterrer les responsabilités de la police de classe, notamment dans les brutalités contre les manifestants. Depuis le début des mobilisations contre la loi Travail, les forces répressives d’État ont utilisé tous les moyens pour empêcher l’amplification du mouvement. La police répond aux ordres d’un Ministère de l’Intérieur qui, en accord avec l’ensemble du gouvernement, frappe sa population pour la faire taire et réduire au silence sa colère. Le pouvoir politique est enfermé dans son rôle de défenseur des intérêts d’une classe capitaliste qui met son profit avant toute dignité humaine. Il utilise donc les forces de police pour faire passer ses lois de mépris social et la justice pour donner un semblant de légitimité à l’action de la police. Dans un tel scénario, nous n’attendons aucune justice véritable des institutions bourgeoises.
Le MJCF Bas-Rhin et l’UEC Strasbourg dénoncent le classement de l’enquête sur les violences du 17 mars : le sang sur le parvis de la Fac de Droit ne pourra jamais être classé. Nous continuerons à nous battre pour que vérité et justice soient établies pour la boucherie du 17 mars ainsi que pour tous les autres épisodes de répression. Nous nous déclarons solidaires une fois de plus avec nos camarades blessés et hospitalisés le 17 mars, qui en portent les séquelles encore aujourd’hui, ainsi qu’avec l’ensemble des interpellés de Strasbourg. À l’heure où les forces répressives montent en puissance, libérées de toute contrainte par le climat autoritaire instauré par le gouvernement à coup d’état d’urgence et 49.3, notre solidarité doit etre des plus fortes. Face à la justice de classe, la riposte populaire est légitime et nécessaire ! Nous ne baisserons jamais les bras, une rentrée brûlante vous attends !
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