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Nous avions souligné le danger des attaques contre les musulmanes du fait qu’avec les mêmes considérations on pourrait s’en prendre aux juifs…http://la-feuille-de-chou.fr/archives/88752

Communique de l’Union juive française pour la paix:
http://la-feuille-de-chou.fr/archives/88762

Même si l’agresseur a des antécédents psychiatriques, on voit bien le danger de l’islamophobie d’État y compris pour d’autres que les musulmans.

On ne peut que déplorer que les responsables religieux juifs et le Consistoire n’ait rien trouvé à dire sur les attaques anti-musulmanes…

DNA

Strasbourg Agression antisémite

Un homme de confession juive a été agressé à l’arme blanche vendredi en fin de matinée à Strasbourg. Ses jours ne sont pas en danger. Un individu présentant des antécédents psychiatriques a été interpellé. Il avait déjà agressé un juif par le passé.

La victime, qui portait la kippa, a été blessée au couteau à une reprise au niveau du thorax. Les faits se sont déroulés vers 11h45 à l’angle de l’avenue des Vosges et de la rue Finkmatt, au coeur du quartier juif de Strasbourg.

L’agresseur, qui serait âgé d’une trentaine d’années, a tenté de lui assener un second coup mais la victime a réussi à prendre la fuite avant d’être frappée. L’homme au couteau a été maîtrisé par un tiers avant d’être interpellé par la police. Celle-ci a mis en place un périmètre de sécurité qui a été levé à la mi-journée. L’homme a été placé en garde à vue au commissariat central. Selon plusieurs témoins, il a crié “Allahou Akbar” au moment de frapper la victime, et il serait atteint de troubles psychiatriques.

Selon plusieurs sources, il s’agirait d’un déséquilibré qui avait déjà agressé un juif au couteau en mai 2010 sur la place Kléber, en plein centre de Strasbourg. La victime, un homme de 42 ans qui portait aussi la kippa, avait été légèrement blessée.

L’homme agressé en bas de son domicile est un retraité de 62 ans. Il a été transporté au CHU de Strasbourg-Hautepierre mais son pronostic vital n’est pas engagé.

Le grand rabbin de Strasbourg René Gutman s’est rendu sur les lieux de l’agression. Rapidement alerté, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve l’a appelé pour exprimer sa “solidarité” à la communauté juive strasbourgeoise. René Gutman évoque bien une agression antisémite, dans la mesure où la victime portait la kippa, mais il souligne toutefois le “contexte psychiatrique” dans lequel elle s’est produite. Il a en outre indiqué au ministre que les relations entre les communautés musulmane et juive se portaient bien à Strasbourg.

Strasbourg – Agression dans le quartier du tribunal Déséquilibré et antisémite

Un homme portant la kippa a été blessé au couteau hier à Strasbourg. Son agresseur, qui présente des antécédents psychiatriques, s’en était déjà pris à un israélite en 2010, en plein centre-ville.

Au sein de la communauté juive de Strasbourg, Mehdi K. n’est plus un inconnu depuis le 30 avril 2010. Ce jour-là, il a agressé sur la place de l’Homme-de-Fer, avec une barre de fer et un couteau, un homme de confession israélite de 42 ans. Celui-ci n’a été que légèrement blessé mais son agresseur, immédiatement interpellé, a justifié son geste par le fait qu’il portait la kippa (DNA du 02/05/2010).

Mehdi K. n’a jamais été jugé pour cette agression. Mis en examen pour tentative de meurtre aggravé et écroué, il a été déclaré irresponsable de ses actes au terme d’une information judiciaire. L’homme de 44 ans présente en effet de sérieux antécédents psychiatriques.
« C’est un miraculé »

Hier, il s’en est pris à nouveau à un membre de la communauté juive. Peu avant midi, il a frappé un homme à kippa d’un coup de couteau au thorax, à l’angle de l’avenue des Vosges et de la rue Finkmatt, non loin du palais de justice de Strasbourg. Selon plusieurs témoins, il a crié « Allahou akbar » au moment de son geste.

La victime de 62 ans, qui s’apprêtait à rentrer à son domicile, a réussi à s’échapper alors que son agresseur cherchait à la frapper une deuxième fois. « S’il n’avait pas eu le réflexe de se sauver, cela aurait pu être beaucoup plus grave. Ça lui a sauvé la vie », expose le rabbin Mendel Samama, qui s’est rendu dès hier au chevet du sexagénaire, hospitalisé au CHU de Hautepierre.

Le coup de couteau n’a pas touché d’organe vital. « C’est un miraculé, souligne encore le rabbin. À quelques centimètres près, les conséquences étaient dramatiques. »

L’auteur de l’agression a été maîtrisé par un tiers avant l’intervention de la police qui a procédé à son interpellation et à la mise en place d’un périmètre de sécurité qui a été levé à la mi-journée.

Mehdi K. a été placé en garde à vue au commissariat central, dans les locaux de la direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ). Il devait être entendu dans l’après-midi et si ses déclarations ne sont pas connues, il est acquis qu’aucun signe de radicalisme religieux, ou de lien avec le terrorisme, n’a pour l’heure été mis en évidence.

Le parquet de Strasbourg pourrait ouvrir dès aujourd’hui une information judiciaire pour tentative de meurtre en raison de l’appartenance réelle ou supposée de la victime à une religion. Le défèrement du suspect devant la justice pourrait se faire dans la journée.

Antisémite notoire, Mehdi K. a toujours clamé sa haine des juifs. Il a déjà été condamné pour des faits de violence par le passé. Mais il a aussi fait l’objet de plusieurs internements en hôpital psychiatrique (lire ci-dessous). « Comment peut-on laisser en circulation cet individu s’il n’est pas responsable de ses actes ?, s’interroge Mendel Samama. D’autant que l’on connaît ses motivations, celles de tuer des juifs. »
Bernard Cazeneuve exprime sa « solidarité »

Le grand rabbin de Strasbourg René Gutman, qui s’est rendu sur les lieux de l’agression, se montre tempéré. Il évoque bien une agression antisémite, dans la mesure où la victime portait la kippa, mais il souligne toutefois le « contexte psychiatrique » dans lequel elle s’est produite.

Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve l’a appelé au téléphone dès hier midi pour exprimer sa « solidarité » à la communauté juive strasbourgeoise. René Gutman a rappelé au ministre que cette agression était loin de représenter les relations entre les communautés musulmane et juive à Strasbourg, qu’il juge très cordiales.

Dans le même esprit, le consistoire israélite du Bas-Rhin a publié hier un court communiqué pour exprimer sa « vive émotion » et remercier les soutiens de la communauté juive. « Nous demandons instamment à monsieur le préfet de prendre toutes les mesures pour que l’agresseur, qui avait déjà agressé en 2010 un membre de notre communauté, soit placé d’office en unité psychiatrique […], ajoute-t-il. Nous espérons ne plus avoir à subir ce genre d’actes qui ne peut que renforcer l’inquiétude qui gagne nos concitoyens dans le contexte actuel. »

Plusieurs réactions venues du monde politique, dont celle du maire Roland Ries, et de la société civile ont aussi dénoncé cette agression hier après-midi.

Un « délire paranoïaque »
La sœur de l’agresseur dénonce l’inertie des autorités, et notamment de la préfecture, dans le traitement de la pathologie de son frère. Elle compte déposer plainte.

« Ça fait seize ans qu’il est malade, explique Meriam K., grande sœur de Mehdi. Il est schizophrène paranoïaque. »

Elle explique que son frère, un homme « à la santé précaire », est « persuadé d’être le Messie et que tout le monde lui en veut. Il se sent persécuté. »

Ces derniers mois, son état mental s’est dégradé. « Et tout ce qui passe dans les médias le perturbe, ajoute-t-elle en faisant référence aux deniers attentats. On a prévenu le corps médical, la police, la préfecture. On ne nous écoute pas. »
« Il n’a jamais été antisémite avant sa maladie »

Le 2 août, pris dans « son délire paranoïaque », il a cassé plusieurs ordinateurs à la Caisse primaire d’assurance maladie de Strasbourg. Interpellé et déclaré responsable de ses actes, il a été condamné pour ces faits en comparution immédiate, deux jours plus tard, à six mois de prison avec sursis.

La famille explique avoir alerté la préfecture par courrier le 9 août, demandant une hospitalisation d’office. La démarche n’aurait pas été suivie d’effet.

Elle dénonce aussi l’incarcération de Mehdi K. à la suite de l’agression de 2010. Il aurait été placé en détention provisoire durant « 18 mois », refusant les soins qui devaient lui être prodigués.

« Il faut que les gens se rendent compte qu’il y a des personnes malades, et qu’elles ont besoin d’être soignées », appuie Meriam K., qui annonce qu’elle souhaite déposer plainte contre la préfecture.

Selon sa famille, Mehdi K. est devenu antisémite parce que « le premier médecin qui l’a interné était de confession juive. C’est une coïncidence. Il n’a jamais été antisémite avant sa maladie. »

Issu d’une fratrie de quatre enfants avec « une mère catholique et un père musulman », il est lui-même musulman mais « il n’est pas pratiquant ».

Commentaire Un mimétisme dangereux

L’attaque d’hier à Strasbourg, commise malgré le déploiement policier et militaire, est typiquement antisémite. Que l’agresseur soit un déséquilibré notoire n’enlève rien au caractère odieux de cet acte : c’est parce qu’il a été identifié comme juif qu’un homme a été poignardé.

Cette agression est d’autant plus détestable qu’elle intervient dans un contexte de tensions et d’anxiété qu’elle contribue à accroître. C’est pourquoi il faut souligner la réaction pacifique du grand rabbin de Strasbourg, René Gutman. Soucieux de ne pas envenimer les faits et compte tenu des bonnes relations interconfessionnelles qui existent en Alsace à l’échelon officiel, il a souligné les antécédents psychiatriques de l’agresseur.
Ce dernier n’a pas le profil d’un Amedy Coulibaly ou d’un Mohammed Merah. Il appartient toutefois à la cohorte de ceux qui manient le couteau par mimétisme, ce qui constitue un danger public, s’agissant d’un récidiviste. En conséquence, tant que ses pulsions hostiles persistent, il ne doit plus être en situation de commettre un troisième acte.

Si l’instabilité psychique d’un individu doit être prise en compte au plan pénal, elle ne doit en revanche pas constituer une menace pour ses semblables. Chaque juif de Strasbourg doit pouvoir, comme tout un chacun, marcher dans les rues sans craindre d’être pris pour cible en raison de son appartenance religieuse.