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Rassemblement de soutien à Burak Sayim devant le TGI de Strasbourg ce 6 septembre au matin

 

Encore une lourde condamnation en répression aux actions contre la Loi Travail : cette fois-ci, c’est celle d’un jeune militant NPA, Burak Sayim, qui avait participé à la manif du 9 avril (Voir communiqué du NPA67 et la pétition) qui, on s’en souvient, s’était particulièrement mal terminée place Kléber puisque la police avait joué de provocations répétées et d’une répression féroce (Voir archives Feuille de chou ici et encore , et le communiqué de Sud Education à propos de cette journée).

Burak Sayim était accusé « d’avoir opposé une résistance violente» au fonctionnaire de police Jasmine Klein, la plaignante, au moment où elle interpellait avec l’aide d’autres policiers, une jeune femme en train de taguer. La jeune femme interpellée avait alors appelé à l’aide. Burak Sayim avait alors « tenté de la protéger ».

Tout l’enjeu du procès tourne autour de l’identification des policiers au moment où ils ont interpellé la jeune femme. De cela dépend la qualification de la plainte ainsi que l’interprétation des faits. Les policiers ont affirmé qu’ils avaient leur brassard “police” au moment de l’interpellation, que Burak ne pouvait pas ne pas savoir qu’il sagissait d’une intervention de police et donc qu’il l’aurait violemment entravée. Cette version des faits sera appuyée par Me Meyer, avocate de la plaignante, qui admet que « la jeune femme avait crié à l’aide » mais que « M. Sayim s’est mêlé de ce qui ne le regardait pas » et retenue par le Procureur qui ira même plus loin en affirmant que Burak Sayim avait « essayé d’extraire une jeune femme des mains des policiers qui l’interpellaient alors qu’elle commettait une infraction » et qu’ainsi, il « lui permettait de s’enfuir », concluant que « le droit de manifester n’était pas celui de commettre des infractions »

Burak Sayim, lui, affirme qu’il ne savait pas qu’il s’agissait d’une intervention de la police puisque les policiers ne portaient pas de brassard, n’étaient pas en uniforme et qu’il a simplement tenté de protéger une jeune femme qui criait à l’aide concluant :« les policiers m’accusent à tort! ». Sa version semble corroborée par les photos et vidéos prises lors de la fin de manif et comme l’affirme son avocate Me Papin : « Mme Klein ne portait pas son brassard » et d’ailleurs « sur la photo, un seul policier portait son brassard et il n’était pas dans l’axe de vision de M. Sayim. » Autre fait qui semble confirmer la version de Burak Sayim : il avait été entendu une première fois pour “violences volontaires” que le Parquet avait requalifié en “résistance violente”. Rien n’indiquant clairement qu’il s’agissait d’une intervention de police, Burak Sayim ne pouvait donc pas volontairement s’y opposer !

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Photos des policiers avant et pendant l’interpellation, seul l’un d’entre eux porte son brassard !

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La violence non plus ne peut être retenue selon l’avocate de M.Sayim puisque la plaignante ne fait valoir qu’un préjudice moral (pas d’ITT) et que c’est M.Sayim qui a reçu un coup de matraque de la part d’un policier. Me Papin demande la relaxe de son client puisque qu’il n’y avait ni préméditation ni violence dans ses actes.

L’avocate de la policière a demandé 300 € de dommages et intérêts au nom du préjudice moral qu’aurait subi sa cliente, le Procureur a réclamé 70h de travail d’intérêt général ou 15 jours de prison si le travail n’était pas effectué. Le Tribunal a déclaré Burak Sayim « coupable des faits reprochés » et l’a condamné à « un mois de prison avec sursis, 250€ de réparation pour dommages et intérêts et 150€ d’amende », précisant toutefois que cette condamnation ne serait pas notifiée au bulletin n°2 de son casier judiciaire vierge.

C’est donc à une peine plus lourde que celle réclamée par l’avocate de la plaignante et le Procureur que le Tribunal a condamné le jeune militant, signe tangible supplémentaire d’une volonté de répression systématique des acteurs du mouvement social et de leur éviction des terrains de lutte puisque les peines avec sursis obligent, de fait, à ne plus avoir affaire avec la justice pour des faits similaires pendant 5 ans. Nous apprenons aussi, ce jour, la condamnation à 8 mois avec sursis du porte-parole des Jeunes Communistes à Saint-Etienne. Gare, pour les militants condamnées, aux provocations policières et aux différends pièges tendus dans le but de faire transformer leur sursis en prison ferme…

On ne compte plus les cas de répression, orchestrée d’en haut, contre les militants, syndicalistes, journalistes indépendants et autres acteurs critiques de la situation politique et économique actuelle. Le gouvernement prouve chaque jour un peu plus que nous avons changé de régime, les fonctionnaires de police l’ont clairement acté et ont bien intégré aussi qu’ils étaient désormais au cœur du nouveau régime…

Ne nous laissons pas intimider, refusons de nous taire, poursuivons les actions et réfléchissons à d’autres terrains de lutte et de rencontres hors du viseur.

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