Aperçu des principaux groupes et personnalités de l’extrême droite française sous la forme d’un schéma (disponible en version papier ici). Dans cette 6ème édition largement remaniée et augmentée, la place du Front national a été recentrée et se trouve désormais au carrefour des différentes « familles » qui compose la mouvance d’extrême droite.
LES « INSTITUTIONNELS »
Respectueux des règles de la démocratie représentative, invités par tous les médias, ils représentent la partie la plus «présentable» de l’extrême droite à laquelle ils se défendent bien entendu d’appartenir.
Front National (FN)
Fondé en 1972 par les néofascistes d’Ordre nouveau et d’autres groupuscules, le FN rassemblait au début des années 1980 les différents courants de l’extrême droite, des plus traditionnels aux plus radicaux, sous l’autorité de son président Jean-Marie Le Pen. La scission de 1998 a affaibli le parti durant plusieurs années, jusqu’au congrès de Tours de 2010, où Marine Le Pen a succédé à son père avec la volonté affichée de s’affranchir des courants historiques du nationalisme français (dont Bruno Gollnisch est une survivance). Aujourd’hui, le FN est partagé entre une ligne de type national-républicain, incarnée par Florian Philippot, et un courant national-conservateur menée par Marion Maréchal-Le Pen. Le FN dispose également d’une structure pour la jeunesse, le Front National Jeunesse, et de différents satellites, dont l’activité réelle reste erratique.
RASSEMBLEMENT BLEU MARINE
Créé en 2012, il a regroupé autour du FN des groupuscules souverainistes comme le SIEL (aujourd’hui en rupture avec le FN) dans l’espoir à la fois d’élargir son audience électorale et de fondre le FN dans le paysage. En réalité, il a surtout permis à des personnalités comme Robert Ménard de profiter du FN sans s’engager à ses côtés, et à des nationalistes radicaux de s’inviter dans un FN dédiabolisé.
DROITE EXTRÊME et néoconservateurs
Une grande partie de la droite conservatrice s’est lancée dans une course à l’échalote avec le FN sur les questions liées à la sécurité, à l’immigration et à « l’identité » française. Si, au sein des Républicains, c’est la Droite forte, un courant fondé par un ancien du FN et du MPF, qui tient ce rôle, tandis que Jean-Frédéric Poisson, président du Parti Chrétien Démocrate, aime afficher ses positions anti-IVG et islamophobes, le choix de François Fillon comme candidat des Républicains pour la prochaine élection présidentielle en dit long sur la situation dominante de ce courant au sein de la droite. À l’université, le syndicat UNI représente ce courant, tandis que la Cocarde étudiante fait le lien avec le FN et les souverainistes.
SOUVERAINISTES
Ces derniers, quant à eux, adoptent une attitude ambigüe à l’égard du FN : ainsi, Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan refuse toute alliance électorale mais participe à la Cocarde étudiante aux côtés du FNJ. Quant au Mouvement pour le France fondé par Philippe de Villiers, il n’a plus vraiment d’activités, son président ayant décidé de se retirer de la vie politique, tout en entretenant des contacts avec Marion Maréchal-Le Pen. Notons au passage que le souverainisme de gauche est aussi une réalité.
LES « MODERNES »
Prétendant souvent rompre avec l’extrême droite traditionnelle, ils aiment brouiller les cartes et, amateurs de coups médiatiques, sont à l’aise avec les nouvelles technologies.
Les islamophobes
Créé en 2007, Riposte laïque exprime son islamophobie sous couvert de défense de la laïcité. Leurs animateurs sont plutôt isolés et prêts à toutes les alliances : on a vu Pierre Cassen à Synthèse nationale, et Riposte laïque fait des appels du pied à De Villiers, qui pour l’instant l’ignore. S’inspirant du modèle allemand, Renaud Camus, l’inventeur de la théorie complotiste du « grand remplacement », a tenté en 2015 de lancer un Pegida France, qui a été un échec.
BLOC IDENTITAIRE
Le Bloc identitaire tente depuis sa création de se démarquer de l’extrême droite traditionnelle tout en recrutant parmi les jeunes nationalistes. Sans référence idéologique, il mise sur la communication et Internet. Génération identitaire, sa structure jeune, est ainsi mise en avant lorsqu’il veut faire le buzz. Mais les Identitaires ne sont pas arrivés à se créer un espace politique distinct : le départ au FN de Philippe Vardon, son principal leader, a affaibli sa position.
ÉGALITÉ & RÉCONCILIATION (E&R)
Fondé par Alain Soral en 2007, E&R avait à l’origine comme ambition de regrouper nationalistes de droite et patriotes de gauche. Mais depuis, E&R n’est plus que le fan-club de Soral, qui se caractérise par un antiféminisme et un antisémitisme virulents. Le négationnisme peut en tout cas remercier E&R et Dieudonné qui auront contribué à faire connaitre ses thèses délirantes : ainsi, Robert Faurisson est devenu une « vedette » chez les « dissidents », et Vincent Reynouard a pu étendre son auditoire.
WEB médias
Prétextant une information « plurielle » et la volonté de se démarquer des médias « officiels », des webTV se sont spécialisées dans les tribunes offertes à l’extrême droite. Loin d’offrir une information honnête, elles ne font que relayer ses contre-vérités racistes et sexistes. Certains sont directement liés à l’extrême droite (comme Méridien Zéro, ultime survivance du Mouvement d’Action sociale récemment dissous, ou TV Libertés) tandis que d’autres, adoptant une stratégie confusionniste plus ou moins volontaire, légitiment les discours d’extrême droite en invitant également quelques autres personnalités plus « progressistes ».
LES CONSPIS et les confusionnistes
Les thèses conspirationnistes ne sont pas l’apanage de l’extrême droite, et certaines viennent même de la gauche. Mais elles fournissent des arguments aux nationalistes de toutes sortes, car derrière chaque conspiration ou presque se cacheraient les « sionistes » (i.e. les Juifs) et/ou les impérialistes (le « grand Satan » américain), ce qui a permis ponctuellement des rapprochements contre-nature, au nom de la lutte contre le « Système ». Signe des temps, des mouvements particulièrement confus idéologiquement et un peu loufoques ont fait leur apparition, comme le Mouvement de 14 juillet ou la souverainiste UPR d’Asselineau. Cependant, le terme de « confusionnisme » lui-même manquant de contours précis, il convient de distinguer celles et ceux qui, à l’extrême droite, brouillent les cartes pour mieux avancer masquéEs, et les « naïfs » qui, au nom du dialogue et de la démocratie, font rentrer le loup dans la bergerie.
les « nostalgiques »
Ceux qui rêvent du retour de la France éternelle, de la monarchie absolue, du droit divin et des traditions oubliées, et /ou qui espèrent reconstruire le FN tel qu’il était avant Marine Le Pen.
LES CATHOLIQUES INTÉGRISTES
Les réseaux catholiques intégristes sont denses et complexes, et mériteraient un schéma à eux tout seuls. Civitas, proche des intégristes de la Fraternité Saint-Pie X, en est la principale organisation d’agitation politique. Animé par le Belge Alain Escada, Civitas a vu récemment arriver dans ses rangs Alexandre Gabriac, un ancien du FN et de l’Œuvre française, ouvertement pétainiste, et fondateur des Jeunesses nationalistes, aujourd’hui dissoutes.
Les anti-avortement
La lutte contre l’IVG est l’un des principaux combat politiques des catholiques traditionnalistes : les « Marches pour la vie » organisées chaque année rassemblent ainsi plusieurs milliers de personnes (comme celle organisé en janvier à Paris par En Marche pour la Vie). Si les petits groupes comme SOS Tout Petits qui prient devant les cliniques rassemblent pour l’essentiel des personnes âgées, des jeunes sont aussi parfois investis dans cette lutte, à l’instar des Survivants, apparus en 2016. La Fondation Lejeune, qui existe depuis 1996, associe un travail de recherche scientifique sur les maladies génétiques, et un engagement militant contre l’avortement.
LA MANIF POUR TOUS (LMPT)
Collectif au service d’une idéologie réactionnaire soutenue par la droite catholique, ce mouvement a organisé en 2012-2013 des manifestations massives contre le projet de loi sur le mariage homosexuel. Mobilisés sur le thème de la défense de la famille traditionnelle et de l’homophobie, ses militants sont invités à privilégier l’entrisme, en particulier au sein de la droite traditionnelle. LMPT peut compter sur le soutien de quelques structures comme le Renouveau français créé en 2005 et dirigé par Thibault de Chassey, mais aussi Sens Commun, qui assure un lobbying ultra-conservateur au sein des Républicains et se reconnait dans la candidature de François Fillon.
ACTION FRANÇAISE
Né à la fin du XIXe siècle, c’est le plus vieux mouvement nationaliste en activité. Mouvement royaliste autrefois école de formation d’extrême droite, l’AF, présidé par S. Blanchonnet, organise toujours des rassemblements ou des débats, mais depuis un an environ, se signale aussi par quelques actions « coup de poing », attirant à lui une nouvelle génération de militants. Il arrive que ses militants fassent aussi les gros bras pour protéger des personnalités d’extrême droite, comme Alain Soral ou le maire FN de marseille Stéphane Ravier.
Les nostalgiques du FN à Papa
Jean-Marie Le Pen, Comité Jeanne
Ironie de l’histoire, le fondateur et président du FN pendant 40 ans s’est retrouvé en septembre 2015 mis au ban du parti par sa propre fille. À 88 ans, difficile de lui donner un avenir politique, mais peut-être sa personnalité lui survivra-t-elle pour donner lieu à l’émergence d’un courant au sein du FN. En attendant, il joue les vedettes au sein de l’extrême droite radicale, où sa popularité est restée intacte.
Carl Lang, Le Parti de La France
Fondé en 2009 par Carl Lang, il est le principal représentant des mouvements qui tentent d’incarner ce qu’était le FN des années 1980, c’est-à-dire une structure institutionnelle regroupant toutes les tendances de la mouvance nationaliste, en regroupant les opposants de Jean-Marie Le Pen (puis de Marine Le Pen). Allié à la NDP et au MNR, ses résultats électoraux restent insignifiants, et sa composition militante a tout de l’auberge espagnole.
Jean-Yves Le Gallou, Polémia
Ancien du GRECE et du Club de l’Horloge, il a quitté le FN au moment de la scission et suivi brièvement Bruno Mégret, avant de créer en 2003 un think tank d’extrême droite, Polémia, qui prétend faire la promotion de la « réinformation », c’est-à-dire de redonner aux thèses d’extrême droite une certaine visibilité dans l’espace médiatique.
Jacques Bompard, Ligue du Sud
Liste électorale créée en 2005 avec les Identitaires et des anciens du FN par l’actuel maire d’Orange, Jacques Bompard, membre fondateur du FN, et élu maire en 1995 sous cette étiquette, a quitté le parti la même année. La Ligue du Sud se caractérise par son implantation locale et sa fidélité à des positions nationalistes radicales.
Pierre Vial, Terre & Peuple
Créé en 1994 et dirigé par Pierre Vial ce mouvement racialiste et païen permet aux nationalistes de se retrouver autour du feu à l’occasion d’un solstice, ou pour des randonnées en forêt.
NOSTALGIQUES DE L’ALGÉRIE FRANÇAISE
Surtout présents dans le Sud-Est, les nostalgiques de l’Algérie française (Adimad, anciens de l’OAS, Comité Véritas, Cercle algérianiste, Jeune Pied-Noir…) peuvent localement représenter un lobby nationaliste non négligeable.
LES « BOURRINS »
Ces groupes obéissent à des logiques de bandes, souvent derrière un chef totémique : leur faiblesse numérique est compensée par un folklore provocateur et une violence assumée.
LES SKINHEADS d’extrême droite
S’il n’existe pas d’organisation skinhead fédérant tous les groupes au niveau national, il existe plusieurs groupes locaux qui se font remarquer par leur activisme politique souvent violent (Front des Patriotes, Autour du Lac, Front de Défense de la France…). Depuis la dissolution des JNR et de Troisième Voie de Serge Ayoub (qui s’est recyclé depuis en fondant un club de bikers), les skins d’extrême droite se sont de nouveau éparpillés dans la nature. C’est sans doute cette situation qui a provoqué un regain d’activité pour des mouvements comme Blood & Honour Hexagone ou les Hammerskins dont les activités sont plus mercantiles que militantes.
GROUPE UNION DÉFENSE (GUD)
Pâle copie du mouvement étudiant né en 1969, le GUD concentre son activisme sur Lyon, situation renforcée par l’arrivée récente du parisien Logan Djian. En dehors de l’agitation dans leurs quartiers, l’activité des gudards se résume à des conférences et de rares manifs ou sorties pour aller voir leurs amis italiens de CasaPound. À l’inverse, certains « anciens » qui n’ont rien renié des idéaux de leur jeunesse tels que Frédéric Chatillon ou Axel Loustau sont devenus incontournables au FN depuis qu’ils sont en « affaires » avec ce parti.
Le Parti nationaliste Français (PNF)
Créé en octobre 2015, et dirigé par Ivan Benedetti, le PNF s’inscrit dans la continuité l’Œuvre française dissoute à l’été 2013. Proche des nostalgiques de Vichy ou de l’Algérie française, des antisémites et des catholiques intégristes, le PNF est l’un des rares mouvements de l’extrême droite française à se revendiquer ouvertement du fascisme. Le PNF dispose aussi d’un mouvement féminin, les Caryatides, et d’un comité de soutien aux militants nationalistes, le CLAN. IL est aujourd’hui clairement en perte de vitesse.
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