Quai des (grosses) légumes
La mobilisation contre la privatisation des Bains municipaux ne devrait pas faire oublier que larve un scandale tout aussi méprisant et bien plus insidieux à cent mètres à peine de là : une promenade publique est privatisée.
Il s’agit du quai qui longe l’ESCA. Malgré son statut de domaine public, ce quai est interdit à la circulation piétonne. Enfin, n’exagérons pas : la circulation y est juste empêchée… Au début, la raison fut vertueuse : il fallait protéger les jeunes plantations de la réfection de cet espace. Puis la verdure a poussé… Mais les vilaines grilles qui en bloquent l’accès persistent, rouillées depuis des années !…
C’est que les prospères résidents de l’ESCA (dont un prix Nobel) ne voudraient pas voir leurs soirées polluées par le bruit des pochards, marginaux et autres « Français innocents » ! Les pauvres, ils ont déjà eu tant de mal a accepter la faune d’en face qui a transformé quelques péniches en joyeux bistrots. Quant à la municipalité de gôche, motus. Son mot d’ordre : « Ne circulez pas, il n’y a rien à voir ». Les riches, n’a pas dit Baudelaire, ont de grandes douleurs… Il leur faut bien pour les consoler un jardin public privatisé avec la complaisance de la ville et entretenu par nos impôts.
Ils ont pourtant déjà un jardin privé entretenu par un jardinier!
Alors, à quand le démontage civique de ces grilles ? A quand des pique-niques républicains pour reconquérir ce territoire qui appartient à tous ?
Freddy Grossgosch
Lu dans les DNA le 28 juin 2015
http://www.dna.fr/edition-de-strasbourg/2015/06/28/fermeture-nocturne-de-certaines-berges
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