Merci, Michel Weckel, tu m’évites d’écrire un texte sur cette question!


Les excès de la liberté ne sont-ils pas préférables aux excès de la répression ?

Le jeune homme qui a profané un Coran et mis en ligne la vidéo de cette profanation début octobre, passe actuellement en jugement à Strasbourg. Que cet acte soit de parfait mauvais goût, sans intérêt aucun et qu’il relève de l’imbécillité, est une chose.

Que son auteur encoure une condamnation une blasphème en est une autre.

En ces temps où, en Suède ou au Danemark, des caricaturistes sont menacés de mort par des fanatiques parce qu’ils ont osé caricaturer le personnage sacré d’une religion, la question ne mérite-t-elle pas d’être sérieusement soulevée ?

Pour l’avocat de l’accusé, qui s’adresse au président de la Grande Mosquée de Strasbourg, laquelle s’est constituée partie civile :

« Le blasphème, ça n’existe plus en France depuis 1789 ! Des concepts à caractère sacré n’ont rien à foutre dans un tribunal, pas plus que dans une république laïque. » (1)

Que dit la loi au sujet du blasphème ?

En Alsace-Moselle, une disposition spécifique du droit local prévoit la condamnation du blasphème. Cette disposition remonte à un décret de 1919, c’est-à-dire, à l’instar d’autres dispositions du droit local alsacien et mosellan, à la période allemande.

Mais, comme l’a répondu le garde des sceaux, Ministre de la justice, à un sénateur mosellan en 2006 : « Aucune décision de jurisprudence n’a interprété le champ d’application de ces dispositions législatives locales. » (voir le texte intégral ici : http://www.senat.fr/questions/base/2006/qSEQ060623425.html).

Autrement dit, même si le droit local en Alsace Moselle le prévoit, aucun blasphème n’a jamais été condamné en vertu de ces articles.

Sur le principe, il n’est donc pas erroné de dire que le blasphème, tant qu’il ne comporte pas d’incitation à la haine raciale, fait clairement partie de la liberté d’expression dans une société libre. En l’occurrence, le fait que le blasphème ne soit pas réprimé, constitue une protection de la liberté de conscience individuelle. Et les croyants de toutes les religions doivent se souvenir que ce qu’ils croient, ce ne sont jamais que des croyances et qu’une croyance ne saurait avoir valeur d’absolu.

Le jugement a été mis en délibéré et sera rendu le 10 janvier prochain.

Michel Weckel

Die Gedanken sind freie!

La Feuille de Chou est pour le respect des croyances et pour la liberté d’expression, y compris ce qui apparaît comme “blasphème” aux yeux des Églises, ou des croyants quels qu’ils soient.

La liberté ne se divise pas. Elle est d’abord la liberté des autres, qui ne pensent pas comme moi.