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Sur les DNA électroniques, ce dimanche, on peut lire un article signé J.-F.T. , idéal pour enseigner en école de journalisme ce qu’est le journalisme de préfecture.

En général, dans ce métier qui revendique parfois encore une certaine objectivité, on essaye d’avoir aux moins deux points de vue sur un événement évidemment vécu différemment selon qu’on appartient à la police ou aux manifestants.

Manifestation à Strasbourg : onze interpellations et 80 Black blocs

Lors de la manifestations contre la précarité et la loi Sécurité globale, manifestation qui à Strasbourg a réuni 1300 personnes selon le comptage de la Police nationale, (plus du double en réalité) onze interpellations ont été effectuées par les forces de l’ordre.

Par J.-F. T. – 11:37 | mis à jour à 13:48 – Temps de lecture : 3 min
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Le Journal mélange tout, les événements du 28 novembre avec d’autres dates, et les positions politiques, dans le but d’établir une équivalence entre “l’ultra droite” et les “Black blocs“.

Le premier est un membre du groupe d’ultra droite qui avait frappé des manifestants lors de la manifestation du 28 novembre ; il a été interpellé dans le secteur de la Meinau samedi à 14h et placé en garde à vue. En tout, quatre membres des Offenders, groupe connu dans le milieu du supporterisme, ont été placé en garde à vue entre vendredi et samedi : la garde à vue de l’un d’entre eux a été levée vendredi soir, celles des trois autres samedi soir.

On ne sait pas s’ils sont convoqués pour plus tard par un juge ou juste libérés sans suite.

Cailloux, boulons, sabre en bois…

Les forces de l’ordre ont procédé à cinq interpellations avant le départ du cortège pour détention d’arme par destination. Lors des fouilles place de la République, pont du Théâtre et allée de la Marseillaise, ils ont arrêté des personnes porteuses de cailloux, de boulons, de feux d’artifices et aussi d’un sabre en bois.

Le “sabre en bois” qu’on aperçoit sur une vidéo quai des Bateliers, ressemble plus à un accessoire de théâtre, une sorte de trident qu’à une “arme par destination“.

Mais n’importe quel objet peut être considéré par les policiers comme une arme par destination: un trousseau de clés, un briquet, pourquoi pas un coton-tige? Bien manié, il peut crever un oeil ou un tympan, non?

Si on consulte le site de la Ligue des Droits de l’Homme, on apprend que ces fouilles préventives qui se répètent à chaque début de rassemblement, même déclaré, sont la plupart du temps illégales.

La police a une bonne vue!

Tout le monde a vu un cortège de jeunes et moins jeunes gens, tous habillés de noir, scandant des slogans anti-fascistes et allumant quelques fumigènes colorés. Rien de plus. Le noir serait-il une couleur interdite?

Lors de la manifestation, les forces de l’ordre ont identifié un groupe de 80 Black blocs au centre du cortège. Ils ont été en action durant tout le long du parcours jusqu’à la dislocation place de l’Etoile où leurs traces ont été perdues dans les fumées des lacrymogènes.

Admirons la formule ” ils ont été en action durant tout le long du parcours…“. Comme ce qu’on voit H24 sur BFM TV? Pas du tout!

Ben oui, ils ont marché, scandé, allumé quelques fumigènes, comme font les cheminots ou d’autres manifestants. Et alors?

Rions ensuite de la phrase suivante: leurs traces ont été perdues dans les fumées des lacrymogènes..

Filmant pour la Feuille de chou, le média indépendant, je peux en témoigner, ne les apercevant plus place de l’Etoile. Ils avaient probablement, comme cela se fait, ôté leur survêtement noir pour ressembler à n’importe quel manifestant. Et alors?

La manifestation, déclarée jusqu’à 16 h, s’est poursuivie jusqu’à 18h. Un groupe d’un peu plus de 100 personnes, principalement de jeunes adultes, a poursuivi le mouvement, se dirigeant vers la presqu’île Malraux, vers la RN4, vers la Krutenau.

Aveuglé peut-être par les lacrymogènes, généreusement balancés par ses informateurs des Forces dites de l’Ordre (capitaliste), notre reporter n’a pas suivi les jeunes vers l’Hôtel de police ni compté les tirs en cloche qui ont fait reculer tout le monde vers le tram. Conseillons lui de réclamer des protections auprès de sa direction. Il est vrai que c’est inutile dans les couloirs de la préfecture.

C’est devenu un rituel. Les flics et les gendarmes bloquent les ponts vers la ville, laissant un mince passage pour ceux qui veulent quitter les lieux. Puis les derniers se faufilent comme ils peuvent, ayant préalablement crié “On veut rester” quand la responsable de la LDH a annoncé la fin de la manifestation.

Deux interpellations ont eu lieu place du Foin d’individus porteurs de bâtons et de torches allumées. Des dégradations ont été constatées, des barrières de chantiers ont été déplacées et plusieurs tentatives de mettre le feu à du mobilier urbain ont été constatées.

Mon dieu, des bâtons, sans doute des supports de pancartes ou de drapeau, des flambeaux -lors d’une précédente manifestation, fin novembre, où la préfète avait interdit leur usage, l’interdit avait été contourné, puisqu’au lieu de les allumer au départ, cela s’était fait au carrefour Gallia-Victoire. Il devait rester des stocks, comme pour les lacrymos 2020 que la bleusaille doit liquider avant le 31 décembre…Un fois la date de péremption dépassée, c’est comme les yaourts aigris, ça ne pique plu assez les yeux.

En tout cas, les dégradations ont consisté, selon notre Tintin en “barrières déplacées“et feux avortés. Pas une vitrine de banque? Pas une voiture brûlée?

Une voiture de police municipale taguée

Deux auteurs présumés de tags, un homme de 22 ans et une femme de 21 ans, ont été interpellés à hauteur du centre administratif place de l’Etoile, vers 17h. Ils ont été retrouvés porteurs de bombes de peintures et de marqueurs.

Des plasticiens de la HEAR? Normal qu’ils aient leur matos sur eux!

Ils ont été identifiés par les caméras de vidéosurveillance de la Ville en train de procéder à des dégradations durant tout le parcours de la manifestation.

Des tags?
Attention, de grands artiste aux oeuvres désormais hors de prix ont commencé ainsi!

Il leur est notamment reproché des tags insultants sur un véhicule de la police municipale garé près du centre administratif, tags qui ont donné lieu à des communiqués de presse de la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian et de Jean-Philippe Vetter, conseiller municipal d’opposition.

Ils auraient également dégradé du mobilier urbain, le garage à vélo et une boîte aux lettres de l’Eurométropole. L’Eurométropole a annoncé sa volonté de déposer plainte. Les deux auteurs présumés ont été placés en garde à vue et doivent être présenté (sic) au parquet ce dimanche..

Bref, mieux vaut être des “nervis fasciste“, comme les DNA papier les nomment ce dimanche que des partisans du retrait de la loi dite “sécurité globale“. Deux poids, deux mesures!

Un jeune homme a été identifié en train de lancer des projectiles sur les gendarmes mobiles parce (sic) de l’Etoile. Il a été interpellé et placé en garde à vue. Il doit être présenté au parquet ce dimanche..

On admire les allers-retours rapides de l’auteur de ces lignes. A-t-il été véhiculé par le drone qui, illégalement, car la loi n’est pas votée, a survolé hier la manifestation de Strasbourg? Ou dans un véhicule siglé,

Vous pouvez désormais avoir une idée de ce journalisme de préfecture qui n’a de source unique que les Renseignements territoriaux, la BAC et tous les autres services préfectoraux.