La polémique consécutive à la déclaration de Viviane Réding au sujet de la politique française à l’égard des Roms n’est pas près de se calmer.

La commissaire européenne avait déclaré:

«Je pensais que l’Europe ne serait plus le témoin de ce genre de situation après la Seconde Guerre mondiale»

Le président de la République a entendu autre chose qui n’avait pas été dit par Mme Réding:

Les mots qui ont été prononcés -dégoûtant, honte, Seconde Guerre mondiale, évocation des Juifs- c’est quelque chose qui nous a profondément choqué

A aucun moment la commissaire européenne n’a parlé des juifs.

Comment expliquer alors l’hallucination auditive de Sarkozy?

Dans cette affaire comme dans bien d’autres, on peut constater les conséquences négatives de l’interprétation de la seconde guerre mondiale auto-centrée autour du génocide des juifs.

Il n’est évidemment pas question de prendre à notre compte la remarque ancienne et provocatrice de Le Pen traitant le génocide de “détail“, mais pour autant on ne peut nier que le culte de la “Shoah” finit par ramener toute la période 1939-1945 à la seule extermination des juifs, comme si les autres victimes civiles et militaires ( cinquante millions en tout, dont vingt millions de Soviétiques) ne comptaient pour rien.

Il y a une sorte d’automatisme qui fait que lorsque Mme Réding parle de “ce genre de situation” certains ne pensent plus qu’à l’extermination.

Il serait dès lors interdit de faire des rapprochements et des comparaisons entre les expulsions de Roms et d’étrangers en général et les politiques xénophobes menées sous Vichy et même avant sous la IIIe République avec Daladier sous prétexte que ces politiques ne se sont pas toujours achevées dans les camps de la mort.

Cependant qu’on sache, le processus administratif de stigmatisation, d’arrestation, d’internement, d’expulsion ou de dénaturalisation s’est déroulé avant et indépendamment de la solution finale.

Désigner les Roms collectivement comme cible, expulser des populations pour ce qu’elles sont et non pour ce qu’elles font, c’est déjà un crime contre l’humanité.

L’Europe a donc raison de vouloir sanctionner la France.