Le public des Bibliothèques idéales à Strasbourg était venu nombreux au débat inaugural, sans doute attiré par la tête d’affiche ultra-médiatique, Alain Finkielkraut. Il est probable que le nom et l’oeuvre de Renaud Camus lui étaient moins connus.

Auteur prolixe, dont les tirages ne doivent cependant pas enrichir ses éditeurs, il est aussi, c’est moins connu, le créateur du Parti de l’In-nocence qui dispose d’un site internet abondant dans lequel, ne reculant devant rien, nous avons plongé afin de jeter quelque clarté sur l’homme et ses idées politiques.

Très vieille France d’allure, hautement civilisé et cultivé, mettant en avant l’in-nocence, c’est à dire, littéralement, pour les non latinistes, le refus des nuisances, comme le bruit ou l’impolitesse, l’ermite de Plieux (Gers) peut tout à fait passer pour un honnête homme.

Il faut pourtant se rendre à l’évidence. Renaud Camus doit être rangé dans la catégorie des intellectuels d’extrême-droite.

Certes, on trouvera, dans ses Entretiens filmés, en particulier, comme dans ses textes et communiqués, quantité de déclarations dans lesquelles il s’oppose au négationnisme, à l’antisémitisme, à tout l’attirail nazi. Il critique sévèrement Jean-Marie Le Pen et tous les hommes politiques européens de son genre qui persistent à revêtir les oripeaux du nazisme. Dans un communiqué récent, il condamne les crétins évangélistes étasuniens qui projetaient de brûler le Coran. Mais ne nous y trompons pas.

Ces gens-là n’ont pas compris que ce n’était plus possible de nos jours, tant Hitler a compromis, par ses actions criminelles, toutes les idées d’extrême-droite, de vêtir leurs idées de l’attirail ancien trop compromis depuis la Shoah.

Un fascisme à la française, moderne et contemporain, en complet-veston, doit faire mine de se couper définitivement de ce passé qui ne passe pas, pour espérer convaincre les peuples au 21e siècle.

C’est ce qu’ont compris nombre de politiciens d’extrême-droite en Europe, comme récemment le leader suédois entré au Parlement qui a fait le ménage dans son parti ex néo-nazi.

D’ailleurs, pour mieux marquer cette rupture, l’ennemi a changé. Ce n’est plus, en apparence au moins, le juif. C’est le musulman, c’est l’islam qui occupent la place.

D’où l’invention conceptuelle de la “contre-colonisation” et du “Grand Remplacement“.

Des politiciens fascistes, moins intellectuels, ont pu prétendre dans leurs affiches de propagande, que “Dans vingt ans, la France sera une République islamique“. Les vingt ans ont passé…Leurs émules organisent des apéros pur porc; d’autres profanent des cimetières, taguent les murs d’inscriptions racistes ou, pire, usent de violences à l’égard des biens et des personnes.

Loin de ce slogan forgé pour frapper les esprits populaires, Renaud Camus n’en exprime pas moins la même chose. Mais il est plutôt Marine que Jean-Marie Le Pen.

Sa prétendue “contre-colonisation” désignerait le fait que nos anciens colonisés d’Afrique du Nord, auraient entrepris, en retour de coloniser l’ex-métropole.

Quant au “Grand Remplacement“, inventive formule forgée pour faire peur, il désignerait la substitution de populations qu ‘une immigration jugée massive de musulmans du monde entier ferait subir aux Français “de souche” promis à la minorisation ou à l’extinction progressives, à moins qu’ils ne se convertissent à l’islam. Le “Grand remplacement” n’est que la version intello du “on n’est plus chez nous” des zincs.

L’Arabie s’étendrait peu à peu. Hou, fais moi peur !