SOUDAN, LA POLICE A REPRIME DES MILLIERS DE PERSONNES QUI MANIFESTAIENT CONTRE LE REGIME DE KHARTOUM

30 JANVIER 2011
(Source : AFP) KHARTOUM — Des centaines de jeunes Soudanais ont manifesté dimanche à Khartoum dans le cadre d’une journée nationale de protestation anti-gouvernementale, malgré un important déploiement des forces de sécurité, selon un journaliste de l’AFP.

Manifestation des étudiants devant la faculté de Médecine de Khartoum. Photo Twitter
Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées, et le président Omar el-Béchir a limogé un directeur d’université. Selon l’opposition, les affrontements ont fait cinq blessés.

Ces manifestations ont eu lieu le jour de l’annonce premiers résultats préliminaires complets du référendum au Sud-Soudan, qui ont confirmé le raz-de-marée en faveur de la partition, une perspective assez mal vécue au Nord.

La séparation annoncée, ajoutée aux difficultés économiques croissantes et à l’inquiétude sur l’évolution du régime islamiste de Béchir après l’indépendance du Sud non-musulman, a provoqué de nombreuses manifestations ces dernières semaines.

Mais ces mouvements sont restés sporadiques, les forces de sécurité maintenant un contrôle étroit de la société.

A Khartoum, des centaines de jeunes ont manifesté près du palais présidentiel en scandant « Nous voulons du changement! Non aux prix élevés ».

Près du centre-ville, à la faculté de médecine, les services de sécurité ont tenté d’empêcher environ 300 manifestants de quitter le campus. Ces derniers ont cependant réussi à se répandre dans les rues aux cris de « Révolution contre la dictature! ».

Mais la police les a attaqués à coups de bâtons, procédant à plusieurs arrestations et forçant les étudiants à réintégrer le campus. Un bref communiqué de l’agence officielle Suna a annoncé peu après le limogeage du directeur de l’université, Mustafa Idris el-Béchir.

Devant l’Université islamique d’Omdurman, une ville qui jouxte Khartoum, un millier de manifestants ont défilé en scandant des slogans hostiles au président Béchir, face à de nombreux policiers anti-émeutes.

Des manifestants ont jeté des pierres en direction des policiers, qui ont répliqué à coups de bâtons. Des étudiants proches du pouvoir se sont parfois joints aux policiers, selon un témoin.

A l’université Al Ahlia d’Omdurman, une autre manifestation a rassemblé environ 500 étudiants autour des mêmes slogans.

Dans la ville d’El-Obeid, à 600 km à l’ouest de Khartoum, la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser 600 manifestants qui défilaient dans le centre-ville en réclamant un changement de régime, selon un témoin.

Dans un communiqué, le parti d’opposition Umma a diffusé le nom de plus de quarante personnes arrêtées en lien avec les manifestations. Mais une source policière a évoqué 64 arrestations.

Les autorités ont imposé de fortes restrictions à la presse. Trois journalistes ont été arrêtés, dont l’un dans son bureau, selon un collègue.

Un photographe de l’AFP a été détenu par des soldats pendant deux heures, tandis qu’une dizaine de journalistes ont reçu l’ordre de ne pas couvrir les manifestations.

Les manifestants répondaient à des appels lancés via Internet pour une journée de protestation anti-gouvernementale pacifique à travers tout le pays, un appel similaire à celui qui a déclenché les manifestations massives en Egypte.

« Ce que nous avons vu en Egypte a inspiré la jeunesse », a déclaré à l’AFP Mubarak al-Fadl, membre d’Umma, assurant que les étudiants avaient le soutien de « tous les partis d’opposition ».

Les jeunes « veulent montrer leur colère devant la gestion du Soudan qui a mené à la partition du pays, et parce que l’avenir du Nord est incertain », a expliqué M. Fadl.

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LA TENSION MONTE EN SYRIE, DES APPELS A MANIFESTER LE 5 FEVRIER POUR “ETENDRE LA REVOLUTION”

30 JANVIER 2011
(Source : Radio Canada) En Syrie, le site d’information arabe Elaph a rapporté que des groupes d’opposition ont appelé à une manifestation le 5 février à Damas, devant le siège du Parlement, et à Alep, la deuxième ville du pays.

Les organisateurs ont choisi cette date en référence aux bombardements perpétrés en 1982 par l’armée syrienne contre les Frères musulmans dans la ville de Hama. Selon, les estimations, ces bombardements ont fait plus de 30 000 morts.

Les auteurs de cet appel ont mis en garde les autorités contre la répression et l’arrestation des manifestants.

Mercredi dernier, les autorités syriennes ont bloqué l’accès à plusieurs programmes permettant d’utiliser la fonction de discussion en direct de Facebook sur les téléphones mobiles, dans l’ensemble du pays.

Les forces de l’ordre ont empêché samedi un rassemblement de jeunes près de l’ambassade d’Égypte à Damas, qui souhaitaient exprimer leur solidarité avec le peuple égyptien dans son soulèvement contre le régime du président Hosni Moubarak.

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(Source : El Watan) Des personnalités militantes syriennes comme l’opposant Michel Kilo et le cinéaste Omar Amiralay ont salué dimanche 30 janvier la révolution en Tunisie et le soulèvement en Egypte et affirmé que le peuple syrien aspirait lui aussi « à la justice, à la liberté ».

« Nous saluons le peuple tunisien et sa révolution, ainsi que le soulèvement du peuple d’Egypte (… face) à un régime répressif et corrompu. Nous aspirons avec tous les peuples, dont le peuple syrien, à la justice, à la liberté, à l’égalité pour tous », déclarent ces militants dans un communiqué.

« Le peuple tunisien a pu faire chuter en un mois l’un des régimes arabes les plus dictatoriaux et les plus corrompus », poursuit le communiqué. « Cette révolution a montré aux Arabes combien la Tunisie ressemblait à leurs pays où le pouvoir et les richesses sont concentrées dans les mêmes mains », ajoute le communiqué.

« Les autorités dans les pays arabes (…) se sont hâté d’offrir des avantages sociaux limités en serrant dans le même temps leur étau autour du peuple », mais « cela n’a pas empêché les autres peuples arabes, notamment en Egypte, de s’inspirer » de la Tunisie, souligne le texte.

« Les peuples arabes ont trouvé ainsi le chemin de la liberté, à savoir la résistance sociale pacifique non-violente qui unit le peuple contre ceux qui les répriment et lui volent ses richesses », estime le texte.

Parmi les 39 signataires de ce document figurent des opposants politiques ayant fait de longues années de prison comme l’économiste Aref Dalila, le poète Faraj Beirakdar, les écrivains Yassine Haj Saleh, Michel Kilo et Fayez Sara, mais aussi des cinéastes, des chercheurs, des avocats…