CONVERSATION AVEC SIMONE FLUHR, AUTEUR DE Mon pays n’est pas sûr

à la librairie Kléber le 21 décembre 2012

 

Simone et Razita sont interviewées , la comédienne Aline lit des extraits.

Simone précise que le livre n’a pas été long à écrire, car les textes existaient déjà. Ce sont toutes les histoires des demandeurs d’asile qu’elle a mises en forme pendant les 10 années qu’elle a travaillé à CASAS. Cela fait longtemps qu’elle a envie de communiquer son travail, mais maintenant que les subventions de CASAS pour la constitution des dossiers des demandeurs d’asile sont supprimées, il ne reste plus d’autre solution que de témoigner. « Quand on ne peut plus rien bouger, dit-elle, il reste le témoignage. »Le film Les Eclaireurs, qui relate cette expérience, est sorti en septembre, chez dorafilms.

Razita vient de Tchétchénie. Elles se sont rencontrées en janvier 2008, à l’occasion d’une action de solidarité devant la Préfecture .qui refusait aux demandeurs d’asile l’accès de ses bureaux en ne leur distribuant pas les tickets qui permettaient d’y accéder. C’était la quatrième nuit que Razita passait dehors pour essayer d’obtenir les fameux tickets.

A un moment Aline nous lit le passage poignant où CASAS découvre en montant le dossier d’un jeune Tchétchène qu’il est le fils d’une réfugiée qu’ils ont accueillie à Strasbourg. Ils s’étaient perdus depuis huit ans!

Simone souligne le désengagement croissant de l’Etat du Droit d’Asile. Mais pour ces demandeurs d’asile, arriver en Europe, c’est accéder à un endroit où l’on respecte les droits de l’homme. Or dit Razita, l’OFPRA ne nous croit pas. Il dit que c’est impossible au XXI° siècle de survivre en ayant vécu ce qu’on raconte. Les demandeurs d’asile se trouvent dans une impasse. Le premier mot qu’ils apprennent est « pas d’ place ».

Selon Simone 20% des demandeurs d’asile obtiennent le statut de réfugiés, 80% sont déboutés. Elle pense qu’il faudrait inverser la proportion. Personne ne veut de l’aide au retour, qui n’est pas négligeable au regard du niveau de vie de leur pays d’origine. C’est bien la preuve qu’il ne s’agit pas de réfugiés économiques. Y a-t-il une différence entre le traitement des demandeurs d’asile en France et ailleurs? intervient quelqu’un dans l’assistance. Malheureusement, c’est une politique qui est générale en Europe, répond Simone, je pense au Kosovo où l’insécurité est générale, le pays étant aux mains des mafias. Il est difficile d’y faire le départ entre ce qui relève de l’économique ou du politique.

Un autre intervenant demande de quoi vit CASAS. Simone répond que les perspectives sont très mauvaises. L’OFI vient de rendre un rapport qui dit que l’accompagnement au dossier n’a plus lieu d’exister. La moitié de l’équipe salariée, qui compte 5 postes et demi, va disparaître. Or cette équipe  travaille avec 100 bénévoles. Les familles seront sans défense vis à vis des réseaux mafieux. CASAS participe à la paix sociale. On casse quelque chose qui fonctionne et ne coûte pas grand-chose. Que vont devenir les personnes accueillies depuis 30 ans?

On vide la Convention de Genève de son sens. Les réseaux mafieux se développent à Strasbourg, .

Il n’est pas question de faire disparaître les CADA ( réseaux d’appartements accueillant les familles des réfugiés) auxquels les isolés n’accèdent pas par manque de place. Mais c’est le dispositif d’accueil avec ses traducteurs qui va faire défaut.

 

Si vous désirez aider les familles parrainées par le Réseau d’Education Sans Frontières 67

Envoyez vos dons à

CASAS- enfants

13 Quai Saint- Nicolas

67000 Strasbourg

Un reçu fiscal vous sera envoyé au moment de la déclaration d’impôts.

Nous vous souhaitons une heureuse année 2012.

resf.67@laposte.net