le Monde
Blog Droite(s) extrême(s)
Malgré l’interdiction de la manif, les Jeunesses nationalistes réussissent leur coup
Les Jeunesses nationalistes d’Alexandre Gabriac et d’Yvan Benedetti viennent de se voir notifier l’interdiction de leur manifestation prévue samedi après -midi dans les rues de Paris. Le défilé de cette formation d’extrême droite radicale avait été autorisé dans un premier temps, mercredi, par la préfecture de police de Paris. Laquelle a revu sa décision vendredi.
Ce défilé était organisé sous le mot d’ordre “Maitres chez nous face aux ravages causés à la France par l’immigration, la finance et les médias ! ” et entendait officiellement « exprimer la révolte des souchiens ».
Cette interdiction qui n’était pas le premier mouvement de la préfecture de police de Paris, laquelle avait prévu un dispositif d’encadrement très strict, ne déjoue que pour la forme les plans des organisateurs.
Le défilé parisien-le tout premier des Jeunesses nationalistes depuis leur création à Lyon en octobre 2011 -avait pour but de formaliser l’OPA que tente cette formation, non sans un certain succès, sur les milieux ultra.
Encadrées par des militants formés de l’Oeuvre Française, dont elle constitue le vivier jeunes, les Jeunesses nationalistes bénéficient d’une petite dynamique. Et commencent à tailler des croupières à d’autres structures moins organisées, moins activistes ou vivotantes. Certains groupes nationalistes autonomes, qui frayaient dans le sillage du mouvement Troisième Voie de Serge Ayoub, regardent désormais en direction des JN. Ce qui indispose d’ailleurs fortement l’ancien chef des skinheads parisiens. C’est également le cas du milieu hooligan d’extrême droite à Paris et plus naturellement à Lyon. A Lyon, les JN peuvent par ailleurs compter sur le GUD local totalement acquis à l’Oeuvre française,via son leader Steven Bissuel. Ailleurs, ce sont les jeunes du Parti de la France de Carl Lang qu’on retrouve dans la mouvance JN.
A Toulouse, les JN ont récupéré quelques membres très actifs du Bloc identitaire local, en déliquescence depuis que son leader a été placé en détention provisoire suite à une agression extrêment violente contre un étudiant chilien.
D’autres sections ont été créées à Perpignan, à Toulon, à Annecy, Colmar et devraient être lancées à Nice et à Marseille. Il ne s’agit à chaque fois que d’une poignée de personnes, mais les JN sont en train de tisser un début de vrai maillage national et de faire leur marché. “On a des espaces qui s’ouvrent. L’actualité nous est favorable. Quand vous bougez, les gens suivent” se félicite Yvan Benedetti qui dit vouloir “structurer une jeunesse en colère”.
En Ile-de-France, une section Paris-banlieue a été montée fin août. Le défilé de samedi devait également formaliser cette création. Et aider son responsable, Logan D, issu du milieu hool parisien et qui se plait à utiliser le doux pseudonyme de “Logan Duce”,dans ses démarches de recrutement. Logan D, qui présente encore la particularité s’être fait tatouer une femme pendue sous laquelle est écrit “J’ai trahi ma race”, avait déjà été à l’origine d’une manifestation d’extrême droite radicale, à Paris, en juin.
L’interdiction va accroitre un peu plus l’aura des JN dans ces milieux. A la veille de l’été, l’interdiction d’un défilé semblable à Lyon, déjà sous le slogan “la révolte des souchiens” avait été l’occasion pour Yvan Benedetti de faire un happening dans la gare de la Part-Dieu et de faire la une de la presse locale.
Il est probable que ce type de plan B animera la journée de demain . D’autant qu’Alexandre Gabriac et Yvan Benedetti sont à Paris dès vendredi soir pour un meeting de l’Oeuvre française. Ensuite, la plupart des militants de province sont déjà en route et n’ont pas forcément été avisés de l’interdiction du défilé. Bref, il faudra les occuper. Vendredi, M. Benedetti indiquait en revanche que le car affrété depuis Lyon samedi matin serait sans doute annulé. Avant de s’indigner de ce que ” la liberté d’expression invoquée pour le torchon Charlie Hebdo ne soit pas appliquée aux nationalistes”.
Aucun commentaire jusqu'à présent.