Mais qui les empêchera de penser en rond rangs?

http://www.bvoltaire.fr/signatures

“Boulevard Voltaire”, le site de l’intolérance

Quand on me sollicite pour devenir chroniqueur sur le site Boulevard Voltaire, je fonce ! Je ne m’inquiète pas des autres collaborateurs. Je suis malvenu chez certains médias soi-disant humanistes qui ne me tolèrent pas. Depuis mon initiative du Livre noir de la psychanalyse (Les Arènes, 2005) et ma dénonciation de l’anachronisme des thèses de Françoise Dolto pour éduquer au XXIe siècle, j’aime rejoindre les libres-penseurs.
A Caen, ville rebelle, je suis psychothérapeute et j’enseigne à l’Université populaire de Michel Onfray, où le politiquement correct n’est pas de mise. Dans le passé, j’ai approuvé le Robert Ménard de Reporters sans frontières, j’aime les empêcheurs de penser en rond. Quant à l’appellation Voltaire, c’est pour moi le gage d’une tolérance que je n’ai pas toujours connue.
lu dans Le Monde

Il y a quelques jours, je lis les premières chroniques du site et je tombe des nues : les coups de griffe vont tous dans le même sens. Le mariage homosexuel est diabolisé, l’expression “racisme antiblanc” valorisée, l’islamophobie banalisée. Je m’informe illico sur la biographie des chroniqueurs, j’y vois un dénominateur commun : des thèses “intolérantes”, pas voltairiennes pour un sou ! Je suis d’autant plus troublé que ce site m’avait demandé de coopérer sans aucune réticence. Ils m’ont donc vu “réac” ! Il est temps de faire le point.
Oui, j’affirme la nécessaire “verticalité adulte” en éducation. Oui, je prône l’autorité “en amont”, celle qui sait faire preuve d’empathie, de respect de l’humain mais aussi d’exigences et de conflictualité. Oui, je pense que l’enfant doit “s’instruire avant de réfuter”. Oui, je lutte contre l’hypertrophie des ego, la quête du plaisir immédiat de certains enfants, ados ou adultes rois. Oui, je sais que le “moi, moi, moi”, c’est aussi et surtout la “réification” d’autrui qui est consommé par des ego tout puissants. Oui, je crois que la conscience morale s’apprend, qu’elle n’est pas innée. Oui, j’affirme que la permissivité engendre la répression. Mais non, je n’approuve pas les thèses du Boulevard Voltaire.
Non, l’amour et le mariage homosexuels ne sont pas des aberrations. Non, l’islam n’est pas un danger, le multiculturalisme est une chance. Non, les jeunes d’origine arabe ne sont pas “les” délinquants. Non, la souveraineté française ne doit pas freiner la construction européenne. Non, la peine de mort ne se justifie jamais. La liste est trop longue. Bref, les libres-penseurs de ce site heurtent toutes mes convictions et s’ils ont la liberté de s’exprimer, ce sera donc sans moi.
J’ai, de suite, demandé à disparaître de ce site pour bien vite retrouver ma liberté de Candide.
Didier Pleux, psychologue clinicien, psychothérapeute