dernière minute:

Bonne nouvelle pour la famille kosovare passée au TA hier après midi.

Le juge vient (tardivement) de rendre sa décision. Il enjoint la Préfecture de réexaminer la situation de la famille.

Il n’a pas retenu les arguments humanitaires mais a considéré que la famille ne s’est pas soustraite de manière intentionnelle et systématique à la réadmission, la police ne s’étant présentée qu’une seule fois à l’hôtel où la famille est hébergée.

Vu que le délai pour les renvoyer en Hongrie est échu depuis le 16 décembre, M. et Mme HOXHA et leurs six enfants devraient pouvoir demander l’asile en France, avec une autorisation provisoire de séjour.

A suivre dès la semaine prochaine.

Merci à tous de votre soutien.

Comme chaque mois, le prochain cercle de silence de Strasbourg aura lieu : mercredi le 30 décembre 2009 à 18 heures Place Kléber.

Il fait froid, il fait glacial pour ceux d’entre nous qui, dans cet univers de lumières artificielles de fêtes, vivent sous l’emprise de la peur de l’arrestation, de l’enfermement et de l’exclusion qui se décline en expulsion.

Hier à l’aube, Monsieur Bulut Zeynel a été renvoyé en Turquie, l’arrachant à son épouse française qui était enceinte et qui a perdu leur enfant deux jours après son arrestation, anéantissant ainsi d’un trait tous les liens affectifs, sociaux et professionnels qu’il avait construit à Strasbourg depuis une décennie.

Hier après-midi, la famille HOXHA venue du Kosovo il y a un an pour demander l’asile a comparu devant le Tribunal Administratif de Strasbourg en espérant que la décision de leur renvoi vers la Hongrie sera annulée. Le père est malade et leurs triplés, nés prématurément à Strasbourg il y a quelques mois, ont déjà nécessité plusieurs hospitalisations. Le frère de la mère a d’ores et déjà été renvoyé en Hongrie.

L’entreprise d’anéantissement et de désespérance consistant à produire du « chiffre » se poursuit ici comme partout en France, chaque mois, chaque jour, et sans connaître de trêve à la veille de noël.

En octobre 2007, ils étaient quelques frères franciscains à se tenir debout sur la place du Capitole à Toulouse durant une heure, en cercle et en silence.

Au centre, une petite flamme, protégée par une lampe-tempête.

Le sens de leur présence ne se découvre qu’au travers de quelques panneaux d’informations montrant des images où l’on aperçoit, derrière des murs grillagés, le visage angoissé d’hommes, de femmes et d’enfants.

Quelle est donc cette prison ? Un Centre de Rétention Administrative, à quelques kilomètres du centre-ville.

Quel est donc le crime des personnes enfermées derrière ces grilles ? Être démunies de papiers.

Ainsi naissait le premier cercle de silence qui a inspiré ceux qui se tiennent désormais dans plus de 140 villes de France avec la même régularité et qui rassemblent des citoyens dont la motivation transcende largement leurs différentes opinions politiques, philosophiques et/ou religieuses.

A Strasbourg, c’est à l’appel de 47 associations et syndicats que des citoyens se rassemblent chaque mois pour dire leur détermination à refuser cette indignité et informer les passants de la réalité qui se déroule devant nos yeux grands fermés.

Alain Richard, l’un des frères de Toulouse, témoigne « Je ne suis pas seul à avoir été choqué par la situation du centre de rétention et des sans papiers qui s’y trouvent dans des conditions inacceptables. Les témoignages de quelques personnes qui y avaient été enfermées, et que certains d’entre nous avaient rencontrées, nous ont révélé combien l’enfermement était traumatisant pour eux mais aussi pour leur famille.

La peur domine, la politique actuelle les conduit à vivre continuellement dans la crainte. A chaque coup de sonnette, toute la famille se dit « Est ce maintenant qu’on vient nous arrêter, ou bien arrêter papa ? ». Imaginez… Et puis un jour, on frappe à la porte à 6 heures du matin : ils savent alors que c’est maintenant que l’un d’entre eux va être arrêté.

Il y a urgence parce qu’il y a eu des changements importants pour les sans-papiers au cours des décennies précédentes, avec une dégradation très profonde du respect de l’humanité pour chaque être. Ce qui est en jeu est une accélération de cette détérioration de la dignité des sans-papiers et par là même de la dignité de ceux qui ont quelque influence pour décider sur leur sort.

C’est par une série de glissements semblables que s’est fait le chemin de régimes dictatoriaux dans lesquels la dignité de la personne n’est plus respectée et quand on assiste à une accélération dans cet irrespect de l’humanité, il est urgent de réagir afin que de plus en plus de personnes disent « Non ! ».

J’avais seize ans quand les armées nazies sont entrées en France. J’ai connu au Guatemala des dictatures successives puis j’ai connu les problèmes d’autres pays autoritaires ou dictatoriaux. La dégradation du respect de la dignité humaine mène toujours à une multitude de perversions et d’actions catastrophiques.

Nous invitons nos concitoyens à réfléchir sur cette urgence et sur la gravité de ce qui se passe. »Extraits de son livre « Une vie dans le refus de la violence » aux éditions Albin Michel.

Alain Richard sera à la Librairie Kléber le 13 janvier à 17 heures, salle Blanche, pour échanger avec nous à l’occasion de la parution de son livre.

En attendant, soyons nombreux, à braver le froid, pour continuer à dire « Non ! » à cette politique d’anéantissement des plus vulnérables d’entre nous le mercredi 30 décembre, à 18 heures, Place Kléber.

Et vendredi 15 janvier à 18h place Kléber

le 4è Carré de Bruit

Cercle de silence/ Carré de Bruit: même combat!