Gérard Lignac / Prospective / Un peu de plomb dans la selle du
Un peu de plomb dans la selle du dragon
Gérard Lignac : soyons pugnaces ! (Photo DNA)
Gérard Lignac, président des DNA, est un homme de convictions. Il en fait la démonstration dans un livre qui examine les relations économiques entre les pays anciennement industrialisés et les nouveaux géants que sont la Chine et l’Inde. Un livre qui commence par une analyse et finit sur une recommandation qui a valeur d’admonestation.
Les quinze ou vingt prochaines années seront décisives : soit l’Europe, les Etats-Unis et le Japon, qui ont partie liée, maintiennent leurs forces vives, soit ils seront supplantés, définitivement, par la Chine, l’Inde et autres récents possesseurs de solides expertises scientifiques, industrielles et commerciales.
Or Gérard Lignac n’entend pas que les pays anciennement industrialisés se laissent évincer de la scène mondiale en bêlant gentiment, Europe en tête, dans l’espoir d’attendrir le dragon chinois.
Comme avec un jockey trop léger
Le défi qui se pose à nous est de garder haut notre niveau de performances et de riposter à tout ce qui nous prive de notre substance économique. Pour cela, Gérard Lignac propose une régulation de la mondialisation qui s’inspire de la règle du handicap propre à certaines disciplines sportives : « un jockey est-il trop léger, on met du plomb dans sa selle afin qu’il ne soit pas avantagé à l’excès ».
Cet équilibre concurrentiel, Gérard Lignac souhaite l’appliquer à l’économie mondiale en introduisant, sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), des droits compensateurs ajustables, révisables tous les deux ou trois ans. Ils permettraient de contrecarrer le formidable attrait des pays à bas coûts de production.
La maigre rétribution de la main d’oeuvre, point fort des pays à expansion rapide, est la menace majeure car elle est partout, dans la production ouvrière basique comme dans la recherche scientifique la plus sophistiquée. Gérard Lignac ne croit nullement à la thèse irénique qui voudrait que l’Europe, le Japon et les Etats-Unis n’aient pas à s’inquiéter puisqu’ils possèdent les laboratoires où se font les innovations. L’avance est fragile car la recherche exige des moyens financiers considérables -et où les trouver dans des pays vidés de leur économie ? « Les capacités de recherche et d’innovation en Inde et en Chine deviennent identiques à celles des pays d’Europe, sauf qu’elles se font au quart ou au cinquième du coût », souligne Gérard Lignac. Sans compter qu’il est plus facile -et bien plus rapide- de copier que d’inventer.
Chaque débat lié à l’environnement prouve que Pékin s’emploie à s’exonérer des entraves susceptibles d’affaiblir sa croissance, prenant ainsi une revanche tardive sur les canonnières anglaises qui forcèrent l’entrée des ports chinois en 1842.
Un livre de réveil
Raison de plus pour que nous réagissions, que nous ne laissions pas le jeu de la concurrence se transformer en jeu de massacre à notre détriment et que nous usions des rapports de force tant qu’il y en a encore en notre faveur. Si la maîtrise de l’aéronautique, des techniques nucléaires et des biotechnologies migre définitivement de l’autre côté du Pacifique, l’Europe n’aura plus que ses yeux pour pleurer et ses monuments historiques à contempler !
On l’a compris : sous couvert d’analyse macro-économique, c’est un livre de réveil que propose un Gérard Lignac plaisamment pugnace et volontiers iconoclaste.
Dominique Jung
“La mondialisation / Pour une juste concurrence”, par Gérard Lignac ; préface de Jean-Paul Mauduy ; éditions Unicomm, 125 pages, 18 euros.
Gérard de Lignac est, selon l’ours du Journal, Président, Responsable de la Rédaction
Dominique Jung est Rédacteur en chef
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