Gazeta Wiborcza fait sa une de la mort de Marek Edelmann, héros de l’insurrection juive antinazie à Varsovie.
Marek Edelmann est resté en Pologne, combattant le régime stalinien, et refusant le sionisme et l’Etat d’Israël.
On trouve une importante iconographie sur le site du quotidien ; c’est en polonais mais les images sont polyglottes .
Merci à J.J. qui nous a signalé cette source.
http://wyborcza.pl/5,75402,6518949,Marek_Edelman.html
http://wyborcza.pl/1,75478,7106369,Marek_Edelman_1919_2009.html
lu dans le Monde
Mort de Marek Edelman, commandant de l’insurrection du ghetto de Varsovie
Le dernier commandant de l’insurrection héroïque du ghetto juif de Varsovie contre les nazis en 1943, Marek Edelman, est mort à Varsovie à l’âge de 90 ans, annonce, vendredi 2 octobre soir, le quotidien Gazeta Wyborcza sur son site Internet.
La date exacte de sa naissance n’était pas connue. Mais ses papiers officiels ont retenu celle du 1er janvier 1919, considérée comme la plus probable. Né à Homl, une ville maintenant située au Bélarus, dans une famille de juifs engagés dans le parti socialiste juif Bund, le jeune Edelman est dès l’enfance imprégné de l’idéologie de ce parti ouvrier antisioniste de l’Europe de l’Est. Sa famille s’était installée à Varsovie quand il était tout petit. “Varsovie est ma ville. C’est ici que j’ai appris le polonais, le yiddish et l’allemand. C’est ici, qu’à l’école, j’ai appris qu’il faut toujours prendre soin des autres. C’est aussi ici que j’ai reçu pour la première fois un coup dans la figure seulement parce que j’étais juif”, avait dit Edelman quand il fut fait citoyen d’honneur de Varsovie en 2001.
Quand éclate la seconde guerre mondiale, il se retrouve enfermé par les Allemands avec près d’un demi-million de juifs dans le ghetto de Varsovie. Coursier dans un hôpital, il publie des revues clandestines du Bund, dont il est devenu membre, comme ses parents.
SURVIVANT DU GHETTO DE VARSOVIE
En avril 1943, les Allemands décident de liquider le ghetto, où il ne reste plus que soixante mille juifs, la majorité ayant déjà été déportée vers le camp d’extermination de Treblinka. C’est alors que les organisations juives du ghetto décident d’attaquer les nazis dans un combat pour l’honneur. “On savait parfaitement qu’on ne pouvait en aucun cas gagner. Face à deux cent vingt garçons mal armés, il y avait une armée puissante”, a par la suite expliqué Edelman. “Nous, nous n’avions pour nous tous qu’une seule mitrailleuse, des pistolets, des grenades, des bouteilles avec de l’essence et tout juste deux mines dont l’une n’a même pas explosé”, a-t-il raconté.
L’insurrection a pourtant duré trois semaines. Lorsque Mordechaj Anielewicz, 24 ans, le commandant de l’insurrection, pris au piège, s’est suicidé, c’est Edelman qui a repris le commandement pour les derniers jours de combats. Pour venir à bout de l’insurrection, les Allemands ont décidé de brûler tout le ghetto, maison par maison. “Ce sont les flammes qui l’ont emporté sur nous, pas les Allemands”, soulignait Marek Edelman.
Il a réussi avec quelques derniers combattants à sortir du ghetto le 10 mai par des égouts. Il a ensuite rejoint la Résistance polonaise. Plus d’un an après, il a participé en 1944 à l’insurrection de Varsovie, qui coûta la vie à deux cent mille Varsoviens, insurgés et civils, et se solda par la démolition quasi totale de la ville par les nazis.
MILITANT DE LA DÉMOCRATIE
Après la guerre, il fait des études de médecine et devient un cardiologue connu. Bien que la majorité des survivants juifs ait émigré en Israël, lui a décidé de rester en Pologne. “Il fallait bien que quelqu’un reste ici pour s’occuper de tous ceux qui y ont péri”, répondait-il.
Il s’est engagé du côté de l’opposition anticommuniste dès les années 1970, puis dans Solidarité, ce qui lui a valu d’être interné lorsque le général Jaruzelski imposa la loi martiale en Pologne le 13 décembre 1981.
A la chute du communisme en 1989, il fut élu sénateur sur les listes de Solidarité puis de l’Union démocratique, parti fondé par le premier ministre Tadeusz Mazowiecki, dont il est resté un fidèle. De Lodz (centre) où il habitait, il n’a cessé jusqu’à sa mort de dénoncer le racisme et l’antisémitisme en Pologne et dans le monde.
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