MRAP

Un degré supplémentaire dans l’ignominie raciste vient d’être franchi par le maire UMP de la Ville de Croix (Nord)… qui a déclaré (suite au drame de Nice) « que si un Croisien commettait l’irréparable contre un Rom il le soutiendrait »…

Une semaine avant, François Fillon avait ouvert la porte à une alliance de l’UMP et du Front National. Rien d’étonnant qu’ensuite un élu de son parti, lance un appel au meurtre contre les Roms, faisant un amalgame honteux entre eux et les cambrioleurs de la bijouterie de Nice.

Le MRAP dénonce avec la plus grande vigueur les propos du Maire de Croix qui visent à faire des populations roms, stigmatisées en France comme dans leurs pays, les boucs émissaires de toute la délinquance que peut subir la population de sa ville. Des propos qui rappellent hélas, ceux des ligues fascistes des années 30 contre les Juifs.

– Le Maire de Croix doit être jugé pour incitation à la haine raciale.
– Le gouvernement doit condamner de tels propos, tout comme ceux du député UDI Gilles Bourdouleix qui avait déclaré en juillet 2013, à propos des gens du voyage « qu’Hitler n’en avait pas tués assez » !
– La justice doit fermement sanctionner les auteurs de ces propos qui ne sont pas des opinions mais des délits aux yeux de la loi, faute de quoi le risque, pour les élections municipales, de voir déferler sur la France une vague brune de discours racistes, haineux et meurtriers.

Le MRAP étudie pour sa part les suites juridiques à donner à la déclaration du Maire de Croix.

Paris, le 17 septembre 2013.

AFP

LILLE, 17 sept 2013 (AFP) –

Des associations anti-racistes et des élus se sont émus de propos du maire UMP de Croix (Nord) qui avait affirmé qu’il soutiendrait un de ses administrés en cas d’acte “irréparable” envers les Roms.

Le maire, Régis Cauche, avait déclaré, selon La Voix du Nord parue dimanche, dans une allusion au bijoutier de Nice poursuivi pour homicide : “Et si un Croisien commet l’irréparable (contre un Rom ndlr), je le soutiendrai”.

L’élu, évoquant le cas de Roms qui occupent un terrain privé dans sa commune, avait réitéré ses propos lundi dans le journal, mais les avait nuancés plus tard auprès de l’AFP. “Ce n’est pas tout à fait ça que j’ai dit”, a ainsi affirmé M. Cauche à l’AFP. “La situation est telle dans la ville aujourd’hui qu’il y a un rejet de tous les Croisiens par rapport à cette population. (…) Si demain il y a une action, on cherchera la responsabilité. Ces gens qui se voient violer leur terrain, qu’est-ce qu’ils vont faire? Je n’en sais rien. Mais j’alerte, il y a un risque.”
M. Cauche a également fait état de plusieurs vols, dont se sont plaints des habitants de Croix ces derniers jours.
Des Roms évacués d’un campement de Lille-sud se sont installés ces dernières semaines sur un terrain privé à Croix, pour lequel un arrêté d’expulsion a été pris mais n’a pas encore été exécuté.
Le maire, qui s’exprimait mardi sur France 3 Nord/Pas-de-Calais, a implicitement reconnu les propos rapportés par La Voix du Nord, déclarant : “C’était une phrase malheureuse, je le reconnais aujourd’hui…”
La présidente de la communauté urbaine de Lille, Martine Aubry (PS), s’est dite lundi soir “profondément outrée des propos tenus par Régis Cauche”, qualifiant d'”irresponsable” cet “appel à la violence et cette incitation à se faire justice soi-même”.
M. Cauche “sait”, selon Mme Aubry, que “tous les acteurs publics (…) recherchent des solutions pour permettre l’évacuation des implantations sauvages” de Roms.
Le PS du Nord a appelé de ses voeux une sanction judiciaire et demandé à la direction nationale de l’UMP d’exclure M. Cauche.
Bernard Gérard, secrétaire départemental de l’UMP du Nord, a déclaré à l’AFP que Régis Cauche “a fait amende honorable”.

M. Gérard, député-maire de Marcq-en-Baroeuil, a estimé par ailleurs que, sur la question des Roms, les maires sont “abandonnés par l’Etat”. Il reproche à Martine Aubry, présidente de la communauté urbaine de Lille, de “laisser les maires seuls comme l’Etat les laisse seuls”.
“Pour autant, on doit être respectueux des lois de la République, et les propos de Régis Cauche devaient être rectifiés, ils l’ont été. Pour moi, l’incident est clos”, a conclu l’élu UMP, semblant écarter toute sanction.

L’Union française des associations tziganes (UFAT) et le Mouvement antiraciste européen (EGAM) ont dénoncé mardi “avec la plus grande fermeté” les propos du maire de Croix.
Ces associations, tout comme l’UEJF (Union des étudiants juifs de France) et le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), ont annoncé qu’elles envisageaient de porter plainte.
“Les propos du maire de Croix justifiant le recours à la violence à l’égard d’une population sont inadmissibles”, a notamment déclaré l’UEJF.
Le Mrap dénonce pour sa part “avec la plus grande vigueur” les propos du maire “qui visent à faire des populations roms, stigmatisées en France comme dans leurs pays, les boucs émissaires de toute la délinquance que peut subir la population de sa ville”.

Par ailleurs, dans un communiqué publié mardi en début de soirée, le président de La Voix des Roms, Saimir Mille, a déclaré que l’association “n’a pas pour but de promouvoir la violence”. “Cependant, ajoute-t-il, face à une telle menace, si un Rrom, en état de légitime défense, commettait l’irréparable sur la personne de Régis Cauche, il aurait le plein soutien de l’association”.