Le genre énerve et ce n’est pas un hasard. N’est-ce pas précisément le concept qui permet de sortir de la stigmatisation ? De résister à ce qui est imposé au corps ? Attaquer le genre, c’est s’attaquer au concept critique qui permet de déconstruire le stigma, de sortir de l’assignation, de mettre en évidence une partie des causes de l’inégalité. Alors s’en prendre au genre comme à une idéologie, ce n’est pas seulement se soumettre aux inégalités, c’est, pire encore, les justifier, elles et les violences qui vont avec. Dans le viseur : les femmes indociles, putes, lesbiennes, voilées, sans enfants, qui gagnent trop. Arrêtons là la liste car elle est infinie, tout est prétexte à remettre une femme à sa place. Mais à cette liste on peut quand même ajouter tous les hommes qui ne seraient pas « homme » comme il faut. Le genre est devenu l’enjeu principal d’un discours normatif, chacun-e n’a qu’à bien se tenir et fermer sa gueule.
On a décidé de l’ouvrir. Parce qu’on a des choses à défendre. L’IVG, notamment. Alors que le gouvernement espagnol revient sur la loi autorisant l’avortement et décide de l’encadrer de manière restrictive (c’est un euphémisme), en Italie, aussi, il est menacé par les pratiques du corps médical. Reprendre la lutte donc, et le texte d’ouverture de ce numéro, pour un combat qu’on croyait gagné, de longue date même. Depuis le texte d’ouverture, on répond « Faites pas genre ! »
Subversion et récupération des combats, reprise des discours, reformulation… et si les luttes avaient un rythme, un tempo à ne pas perdre pour ne pas perdre ? Le réveil peut être brutal quand on s’endort sur ses lauriers. Alors dans ce chantier, il est question de temporalités, de batailles qu’il faut mener toujours de nouveau. Oui, on manifeste pour la mémoire de mémé. Mais cette fois-ci la lutte est internationale.
Post-scriptum
Dossier coordonné par Paul Guillibert, Thibault Henneton & Adèle Ponticelli.
http://www.vacarme.org/article2598.html
L’IVG, quarante ans aprèsceci n’est pas une poule
On pensait que le droit à l’interruption volontaire de grossesse était une victoire et un acquis. On ne s’est pas méfié-e et le voilà remis en cause violemment dans l’Espagne voisine. Alors nous voilà à nouveau dans la rue pour le défendre à Madrid, à Paris, à Bruxelles, solidaires. L’idée de se pencher sur l’état de ce droit en France voit le jour. Ici où en sont les anti ? Quel est l’impact de la réforme Bachelot de juillet 2009 ? Fermeture de centres d’IVG, culpabilisation insidieuse, lobbies qui s’installent à l’aise dans les institutions européennes… Et mon corps dans tout ça ?
L’article : http://www.vacarme.org/article2597.html
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