Communiqué Cgt Chômeurs Rebelles 56

Renforcement des contrôles Pôle emploi : c’est pour le mois d’août!

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La décision a été prise : lors du conseil d’administration du 15 avril 2015, Pôle emploi a décidé de mettre le paquet sur le flicage des chômeurs : « Tous les demandeurs d’emploi sont susceptibles d’être contrôlés », de manière « ciblée », « aléatoire » ou suite à un signalement. 200 agents seront recrutés prochainement pour cette noble tâche, pour une mise en oeuvre dans toute la France dès le mois d’août.

L’objectif ? En radier un sur sept, comme ce qui s’est passé en Poitou-Charentes, « région pilote » dans le contrôle des chômeurs. Et aussi, bien entendu, mettre la pression sur les chômeurs pour les pousser à accepter des emplois toujours plus précaires et mal payés.

Certains échapperont-ils à ce contrôle généralisé ?

Bien sûr, pas de panique, les contrôles c’est pour les pauvres, pas pour les riches et les puissants.
Le changement, c’est pas pour maintenant !
Ainsi, en parallèle à la mise en place de la brigade de « police des chômeurs », on est scandalisés en constatant une baisse des effectifs aux impôts et à l’inspection du travail, affectés aux contrôle des abus qui coûtent très cher aux travailleurs.

Merci Valls et Hollande, ces gens-là vont donc, eux, continuer à échapper aux contrôles :

• Les anciens cadres de Pôle emploi qui ont signé une rupture conventionnelle [1] et qui partent avec une prime de dizaines de milliers d’euros, avant de toucher des allocations chômages de plusieurs milliers d’euros pendant des mois, voire des années, en attendant la retraite.
• Les directeurs d’agence Pôle emploi qui ferment les yeux sur la diffusion, sur le site pole-emploi.fr, des offres d’emploi illégales [2]
• Les patrons voyous qui coulent leur boîte et licencient tout leur personnel, après avoir touché des millions d’euros d’aides publiques
• Les patrons voyous [3] qui ne paient pas leurs cotisations, et ceux qui ne paient pas leurs impôts en France, laissant ainsi aux autres contribuables la chance de payer des impôts à leur place
• Les patrons voyous qui ne respectent pas le code du travail, entre autres la sécurité et l’hygiène [4], ou le paiement de toutes les heures travaillées (premier cas de recours aux prud’hommes)
• Les patrons qui abusent des emplois précaires [5] (CDD, intérim, temps partiel subi) et qui ne rendent de compte à personne

Mais, au fait, à quoi ça sert, le contrôle des chômeurs ?

Alors que le chômage a explosé et que le nombre d’offres d’emploi décentes est dérisoire, Pôle emploi choisit, encore et encore, de pointer du doigt les victimes de la crise.
Ainsi, si les chômeurs ne trouvent pas de boulot, ce serait de leur faute. Il faudrait ainsi continuer à harceler les chômeurs, en leur demandant de rendre des comptes sur leurs démarches, encore et encore.
Il faudrait que les chômeurs montrent « patte blanche » afin de faire valoir leur statut de « bon pauvre » qui leur donne droit à une allocation de misère.

On s’étrangle de colère, car sur le Morbihan, 75,000 personnes sont inscrites au Pôle emploi, et seulement 800 nouvelles offres d’emploi en CDI temps plein sont diffusées tous les mois.

Ce serait tellement plus utile d’affecter les agents Pôle emploi à contacter les employeurs pour récupérer des CDI temps plein plutôt qu’à fliquer les chômeurs !

Conseils pratiques

Voici nos conseils de base pour échapper au harcèlement potentiel de Pôle emploi
• Le moyen de harcèlement le plus vicieux de Pôle emploi est le contrôle de la recherche d’emploi, qui s’appuie sur la façon dont vous définissez (vous-même) l’offre raisonnable d’emploi. Il est donc plus que recommandé d’indiquer à Pôle emploi les critères de recherche les plus restrictifs possibles, car ça limite de fait les possibilités de harcèlement. Lors de votre inscription au Pôle emploi, indiquez que vous recherchez un CDI temps plein correctement rémunéré, à 30 minutes de votre domicile (ceci figurera dans votre dossier personnel informatisé Pôle emploi « AUDE », qui définit l’offre raisonnable d’emploi). Ceci ne vous empêchera pas d’accepter, si vous le voulez, un CDD temps partiel à 2 heures de trajet de chez vous. Mais au moins, vous gardez le CHOIX d’accepter ou pas ce que Pôle emploi vous proposera…
• Ne pas donner ni son numéro de téléphone, ni son adresse mail. Ceci pour éviter que la brigade des flics de l’emploi n’utilise ces moyens de communication pour vous harceler, ce serait dommage.
• Pour la même raison, ne pas créer son espace emploi, ni son CV sur pole-emploi.fr. En effet, Pôle emploi mise sur le « tout numérique » concernant les « services à distance », mais ce n’est pas ça qui va augmenter le nombre d’offres d’emploi proposées. Il est toujours possible de consulter les offres une fois par semaine sur le site sans créer son espace, et ça évite les ennuis.
• Si vous avez déjà eu votre premier entretien, vous pouvez exiger que disparaisse de votre dossier votre numéro de téléphone, votre mail, et exiger que soit inscrit « CDI temps plein salaire correct, 30 minutes du domicile ». La loi informatique et liberté vous autorise en effet d’avoir accès à tout moment à ces données personnelles « AUDE ». Et si l’agent Pôle emploi vous demande pourquoi vous voulez modifier ces données, parlez-lui de la mise en place des flics de l’emploi au Pôle emploi. Revenez accompagné si l’agent fait sa mauvaise tête et refuse que vous modifiez vos données.
• Consultez, au moins deux fois par mois, les offres d’emploi, et notez dans un cahier les démarches effectuées. Ça calmera les flics de l’emploi de voir que vous faîtes des démarches « réelles et sérieuses » si vous devez un jour vous justifier face à eux.

Autre rappel concernant les radiations : en ce qui concerne les convocations au Pôle emploi, seules les convocations avec lettre recommandée avec avis de réception sont légales. Si vous êtes victime d’une radiation suite à convocation envoyée sur site personnel pole-emploi.fr, par courrier simple, ou par téléphone, il faut la contester dans les 15 jours qui suit la notification. De plus, il est désormais possible de repousser deux fois un rendez-vous avant la date du rendez-vous.

Source : Cgt Chômeurs Rebelles du Morbihan

Notes :[1Préretraites déguisées pour certains cadres de Pôle Emploi, relayé sur Les « irritants » de Pôle Emploi[2Pôle Emploi, le bon coin des offres illégales[3Le père Doux se barre avec la caisse et laisse 500 Morbihannais sur le carreau[4] Voir page 18 et 19 du diagnostic « santé-travail » de l’ORS de Bretagne, qui indique les secteurs les plus dangereux[5La mairie de Paris condamnée pour abus de contrats aidés

 

Haro sur les chômeurs, contrôle des vies précaires

Mercredi 20 mai, le conseil d’administration de Pôle emploi s’est réuni.

Pour corriger la mise en application catastrophique des droits rechargeables ? Pour améliorer les procédures d’indemnisation ? Pour envisager de nouveaux recrutements et une formation plus adaptée des agents afin de mieux conseiller, aider, accompagner les chômeurs ?

Non ! Encore une fois, loin de chercher à remplir la mission censée être la leur, ils ont choisi de jouer sur les statistiques du chômage. Ils prévoient dès cet été la création de 200 postes pour la mise en place au niveau national d’une milice de contrôle des chômeurs, testée depuis 2013 dans trois régions et validée pour ce qu’elle est : une machine à radier, un levier pour obliger à accepter les « offres » d’emploi les plus misérables et une menace permanente pesant sur la tête des chômeurs. C’est un jeu inacceptable et pourtant aucun des syndicats du C.A. [1]n’a voté contre.

Le gouvernement ne se permet pas encore de mettre en place les jobs à 1€ comme en Allemagne, ou les contrats à 0 heure comme en Angleterre, mais la machine avance pour que l’opinion publique soit bientôt prête à les considérer comme mieux que rienPartout en Europe, du jobs act italien à l’article 63.2 en Belgique, les lois contre les chômeurs se durcissentet provoquent la colère des premiers concernés.

Dans le même temps, le projet de loi Macron veut limiter les pouvoirs des inspecteurs du travail et encadrer les décisions des Conseils de Prud’hommes, le plus souvent favorables aux salariés.

On annonce aussi d’autres contrôles dès le mois d’août sur les comptes bancaires des ayants droit de la CMU-C. Un contrôle accru se profile sur ceux des allocataires du RSA. Les fichiers se croisent joyeusement, les lois de surveillance fleurissent, le droit à manifester est réprimé, les violences et l’impunité policières sont de plus en plus présentes. A quand les cartes d’identité à puce comme en Espagne, sur laquelle toute une vie est inscrite ?

Parallèlement, les associations de chômeurs sont reçues aux tables ministérielles. Le premier ministre M.Valls se targue dans de récentes déclarations de pouvoir réformer en construisant un dialogue avec les intermittents. Le gouvernement met tout en oeuvre dans sa communication pour brouiller les pistes et faire en sorte que la colère ne descende pas dans la rue.

L’attaque des plus fragiles se généralise et se banalise. La mise en place de ces dispositifs concourt à faire entrer dans les esprits l’image d’un précaire fraudeur, à imposer honte et culpabilité aux allocataires pour empêcher toute velléité de rébellion, à inciter à la haine contre l’autre aussi pauvre qui aurait encore quelque droit.

« Nous croirons en leur crise quand les riches se suicideront en masse. »

Mais ce n’est pas près d’arriver ! Alors n’attendons pas pour combattre l’idée que le néolibéralisme serait la seule issue. Inventons de nouveaux lieux de réflexion et d’organisation, exigeons des droits, revendiquons un autre mode de vie !

Communiqué de presse de la Coordination des intermittents et précaires d’Ile-de-France
21/05/2015

Notes :[1] Le C.A. de Pôle Emploi, c’est 5 représentants de l’Etat, 2 personnalités désignées par le ministère chargé de l’emploi, 1 représentant des collectivités territoriales, 6 représentants pour les employeurs (MEDEF, CGPME, UPA), 5 représentants des syndicats (CFDT, CFE/CGC, CFTC, CGT et FO). Tous les membres du C.A. ont approuvé la mesure, sauf la CGT et FO qui se sont abstenues.