Communiqué de presse

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Le 1er juin, Journée Internationale de l’Enfant, un jour consacré à leur défense et aux respects de leurs droits, c’est le bulldozer qui est arrivé pour détruire le campement Rom d’Armataffet au Cran-Gevrier en Haute-Savoie (74 960). Peu avant cette journée, leurs parents leur avait promis, ce qui est très rare quand on a peu d’argent, de les sortir pour leur offrir une glace.

Or, à 7 h le 1er juin, une maman rom se réveille et constate qu’une pluie légère s’est mise à tomber ; une demi-heure plus tard, elle entend un bruit assourdissant, celui d’un bulldozer approchant le campement accompagné de policiers. Ceux-ci annoncent aux autres Roms sortis de leurs misérables baraques qu’ils doivent partir. La maman tente d’expliquer qu’ils veulent rester, en vain. Ils appellent alors leur porte-parole rom, Alexandra Beaujerat, avec l’espoir qu’elle pourra les aider mais le dialogue s’avère impossible.

Vers 9 h, la pluie s’est mise à tomber très violemment sur tous les Roms sans abri ; seules deux familles sont prises en charge provisoirement par la mairie, les autres n’ont plus qu’à prier Dieu de les aider.

Alexandra Beaujerat les conduit devant la Mairie qui refuse le dialogue.

A 18h. elle joint l’Association PRALES pour que je les aide mais personne de responsable à la Mairie n’est joignable au téléphone.

Hier 2 juin, Alexandra Beaujerat amène les roms devant la Préfecture et là, même constat : aucun dialogue ne peut s’engager. A la mairie de Cran-Gevrier, une secrétaire m’annonce enfin que le Directeur va me téléphoner dans 15 minutes. Alexandra m’envoie des photos des Roms brandissant des pancartes avec leurs enfants. Toujours pas de réponses.

Pourquoi les Roms doivent-ils encore souffrir de telles situations ?

Après cinq siècles d’esclavage, ils ont conquis la liberté mais n’ont jamais bénéficié, nulle part, d’aucun droit, à commencer par le droit à la scolarisation des enfants. Ils ont toujours été rejetés par la majorité du peuple, principalement en Roumanie. Pendant la II ème Guerre Mondiale , les nazis ont massacré dans des ghettos ou des camps, près d’un million de Roms, femmes et enfants compris.

Et la situation en Roumanie s’est aggravée pour nous après la chute de Ceaucescou, en 1989 ; ils ont perdu les petits emplois dont ils bénéficiaient dans l’agriculture ou l’industrie. Ils ont donc migré vers l’Europe de l’ouest avec l’espoir d’y survivre mieux ; ils ont constaté en effet qu’ils parvenaient à mieux y nourrir leurs familles. Il espéraient aussi que la scolarisation obligatoire en France, leur permettrait de sortir leurs enfants de la misère. Mais malgré le soutien officiel de l’Europe, ils sont bien obligés de constater que cela devient de plus en plus difficile en France à cause du racisme qui ne cesse d’empirer.

Dans les médias, on évoque souvent l’antisémitisme et le racisme contre les Arabes et les musulmans, presque jamais le racisme contre les Roms, pourquoi ?

Il y a eu 11 000 expulsions de Roms, l’an dernier en France, ce qui met le pays des Droits de l’Homme (plusieurs fois rappelé à l’ordre par le Haut Commissaire), au même niveau que … La Bulgarie !

Au XXI ème siècle, j’affirme en tant que Rom : il n’est pas normal que mon peuple ne soit pas intégré, soit chassé de partout et haï, humilié, persécuté.

La seule solution, c’est l’éducation et la scolarisation de nos enfants : là vont tous les espoirs afin que les pire cauchemars de l’Histoire ne recommencent pas.

 

Viorel Costache

Président de PRALES

(seule association de Roms de Roumanie, dirigée par eux-mêmes)