en italiques le texte de la droite strasbourgeoise, en gras notre commentaire

Hortefeux, par la droite strasbourgeoise

La droite strasbourgeoise ne pouvait manquer de mettre son grain de sel dans l’affaire Hortefeux, non pour le soutenir, encore moins l’enfoncer, mais armée de ses « cartouches » (en attendant) « idéologiques», pour faire en creux le portait de la droite de choc qu’elle souhaite.

C’est donc une occasion de lire, même pas entre les lignes, le programme de l’extrême-droite.

Ils ne résistent évidemment pas au plaisir de reprendre, entre guillemets, les propos de l’ex-ministre de la rafle, désormais ministre de la police.

“C’EST QUAND IL Y EN A BEAUCOUP QU’IL Y A DES PROBLÈMES”

Des fachos ?

C’est l’histoire de l’arroseur arrosé, un grand classique dans le théâtre de Guignol.

On s’en souvient : il y a quelques jours le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux virait sans ménagement et sans la moindre enquête préalable un préfet suspecté de propos racistes sur le seul témoignage, controversé, d’une concitoyenne antillaise. Les mauvaises langues assuraient alors que la précipitation du ministre trouvait son explication dans son souhait de lisser une image mise à mal par son action à la tête du ministère de l’Immigration et de l’identité nationale.

Doit-on rappeler qu’un fonctionnaire peut faire l’objet de mesures administratives, hors de toute intervention de la justice ? Quitte à ce que l’administration soit parfois désavouée ensuite. Le préfet aurait été « suspecté » de propos racistes sur la base, dit la droite strasbourgeoise d’une « concitoyenne antillaise». Antillaise ? Donc française ! A moins que la peau noire soit un obstacle à la francitude ? En réalité ce sont plusieurs témoins, y compris des chefs qui ont entendu les propos.

Si aucun document probant ne permettait d’accuser le préfet, les récents propos tenus par le même ministre lors de l’université d’été de l’UMP ont fait en revanche l’objet d’un enregistrement en bonne et due forme. Difficile dès lors d’échapper à la réprobation organisée des Panurge médiatiques et à la vindicte télécommandée de l’opposition. Si ce n’est Manuel Valls, demeuré d’une discrétion d’archange, tous les ténors de la gauche s’y sont mis, rivalisant de vocalises vertuistes. Et le roulement de l’artillerie lourde antiraciste n’est pas prêt de s’interrompre.

« Aucun document probant » ? Les témoignages des présents peuvent être vérifiés par la justice.

Plusieurs expressions sont les indices du positionnement politique très à droite des auteurs du texte. « Panurge médiatiques », « vindicte télécommandée », « vocalises vertuistes » –seraient-ils partisans du vice ?– de même qu’il suffit de renverser la dénonciation « l’artillerie lourde antiraciste » pour démasquer le racisme.

Et quel plaisir se citer Valls aux propos non moins racistes que Finkielkraut plus loin nommé. Comme quoi le racisme est loin d’être l’apanage de la droite ou de son extrême.

Le gouvernement est, bien entendu, solidaire du ministre égratigné, mais puisque les propos ne peuvent être niés c’est leur signification qui est âprement débattue. L’urgence est donc au sauvetage exégétique. Les phrases incriminées : “Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes” n’aurait donc pas visé le jeune militant maghrébin de l’UMP mais des Auvergnats particulièrement insistants qui auraient fait le siège du ministre pour être sur la photo…

En effet, quelle misère de voir comment tout le gouvernement, y compris Fadela Amara ou Nora Berah, voler au secours de Hortefeux. Sans compter Jack Lang, l’inénarrable qui trépigne de ne pas encore être une “prise de guerre” volontaire de Sarkozy.

Misère d’une communication politique devant répondre par des bricolages expéditifs aux défis de l’heure, car à ce compte-là il devient périlleux d’expliquer les saillies qui fusent au même moment dans le style “c’est un kabyle qui boit de la bière et qui mange du porc”. Ce n’est pas que le métissage ne puisse pas faire de miracle et nous inventer des Auvergnats, musulmans, kabyles et amateur de cochonnailles, mais enfin, même pour les croyants les plus fanatiques de telles chimères restent encore difficiles à imaginer hors de l’horizon radieux de la France d’après…

La terreur de la droite strasbourgeoise, c’est le métissage.

Mais qu’opposer à cela, sinon, sans la nommer, la pureté du non mélangé…Cela rappelle des choses, depuis la prétendue race aryenne jusqu’au crime contre l’humanité de Milosevic contre les Bosniaques musulmans.

Les auvergnats, quant à eux, n’ont pas encore protesté contre cette nouvelle interprétation de “l’humour” ministériel et aucune association stipendiée, jusqu’à présent, n’a songé à prendre la défense de cette minorité outragée. Peut-être aussi qu’après tout les dits Auvergnats ne se font qu’une idée approximative du “respect” qui leur est dû et ne songent pas à se formaliser des blessures narcissiques que leur impose une communication aux abois…

Oui, même si, chose absurde, le ministre n’avait visé que ses compatriotes auvergnats, ce ne serait pas moins raciste. Ce racisme qui est le produit d’une généralisation aberrante du genre « un X vous a volé », donc « tous les X sont des voleurs ».

En attendant, le préfet remercié savoure la prompte vengeance que lui assure ce retour inopiné du boomerang, les ligues de nuisance crient à la lepénisation des esprits et le gouvernement s’enfonce dans la mouise de ses contradictions

« Ligues de nuisance » ? Comme la Ligue des droits de l’homme ? Donc « à bas les droits de l’homme! », cet « universalisme intégral».

Que serait un universalisme non intégral ? Un oxymore!

À qui la faute ?

Au-delà d’une actualité microcosmique gonflée à l’hélium de la moraline communicationnelle, il faut bien reconnaître que la “droite” a tout fait, depuis des années, pour s’enfermer dans ce cul-de-sac.

Et c’est pourquoi il s’agirait de la réarmer, avec Le Pen, Spieler, les identitaires, et alii, pour faire une vraie politique de droite, comme en 40.

En adhérant au sacre inconditionnel de l’Autre et en prêtant la main à la comédie bouffonne d’un antiracisme devenu fou, la “droite”, non seulement n’est pas parvenue à se décharger des soupçons qui pèsent irrémédiablement sur elle, mais elle s’est mise dans l’incapacité de gérer les flux migratoires de manière raisonnable.

Pesons bien les affirmations contre l’altérité.

Si l’autre n’est pas une richesse, c’est donc le même !

Qu’attendez-vous, les “purs Français” (quoiqu’un peu mêlés d'”impureté” alsacienne…) de la droite strasbourgeoise, pour vous cloner et éliminer tous les autres?

Si l’Autre est, quoi qu’il arrive, une richesse; si l’universel est notre seule vocation; si l’exclusion est un péché et si le métissage est la nouvelle appellation de notre rédemption, au nom de quoi nous est-il loisible d’expulser, si maigres soient les chiffres ?

27 000 expulsés, ce n’est pas assez, nous clame la droite strasbourgeoise ! En faut-il 270 000 ?

Si notre seule définition identitaire repose sur les droits de l’homme et si, conséquemment, toute référence à “l’identité substantielle de la nation” (comme le dit Alain Finkielkraut) est renvoyée aux “heures les plus sombres”, il n’y a en effet plus aucune raison de se cramponner à des frontières iniques pour exiger qu’elles filtrent dans la masse du tout-venant. Et, comme le préfet, Hortefeux, ancien préposé à la “rafle” et à la “déportation” est coupable par définition.

Aujourd’hui la “droite” à tête de linotte n’a plus de principes propres à opposer aux tenants de l’universalisme intégral, et c’est pourquoi sans doute, non seulement elle trompe les attentes de vastes segments du peuple, mais se retrouve piégée par les idées qu’elle croit devoir proclamer sans en avoir mesuré les conséquences ultimes.

Pour satisfaire la droite strasbourgeoise, il faudrait donc que la droite au gouvernement cesse de se cacher derrière les valeurs de la République.

Qu’elle prenne la succession de l’Etat français ? Patience, on y vient doucement…

Au-delà de l’écume polémique c’est cela la vraie leçon qu’il faut tirer des avanies qui atteignent le ministre de l’Intérieur.

Comme le dit encore Finkielkraut la France n’est pas une “auberge espagnole” et pour demeurer un peuple particulier il lui faut faire des choix, sans haine, mais aussi sans faiblesse.

En avant vers le tri ethnique ?

Qui saura se souvenir qu’un peuple qui refuse de choisir s’expose à devoir subir le choix des autres ?

Ouh, fais moi peur !