Réadmission d’une famille kosovare
La préfecture du Haut-Rhin vient à nouveau de se distinguer! Elle va remonter dans l’estime du Ministre de la Chasse à l’Enfant!
Elle vient d’expédier une famille de 7 personnes (les deux parents et 5 enfants dont un de deux ans) au CRA de Lille après que le JLD a pris une décision de maintien en rétention sur demande de la préfecture de Colmar!
Cette famille a été interpellée à Mulhouse mercredi 8 septembre à 07H00 par une vingtaine de fonctionnaires de la PAF, conduite au LRA de Saint-Louis pour être envoyée dès le jeudi à Budapest! Et là coup de théâtre, les autorités hongroises refusent de réadmettre la famille car elles n’ont pas été prévenues de l’arrivée de la famille et “rien n’est prêt pour les accueillir”! Retour le soir même au LRA de Saint-Louis et passage vendredi matin devant le JLD pour une audience éprouvante de près de 2 heures 30 pendant lesquelles le jeune enfant commence d’abord à jouer, courant dans le bureau du juge, puis dans les couloirs, puis trouvant le temps long le fait savoir de plus en plus bruyamment, tout ça sous les yeux de la juge, du greffier, des policiers de la PAF et de votre serviteur. Au bout d’un certain temps, les fonctionnaires pensant que l’enfant avait peut-être faim vont au ravitaillement, ramènent du lait et quelques confiseries pour le jeunôt (ainsi que pour les autres enfants qui eux aussi commençaient à s’ennuyer sérieusement, même s’ils comprenaient très bien la situation). Sur ces entrefaites, la maman se sent mal (elle a des problèmes de coeur), la juge lui demande si elle prend bien ses médicaments mais continue l’audience! Même les flics (3 hommes et deux femmes), qui campaient dans le couloir devant le bureau du juge depuis les 7H00 du matin (théoriquement la période de rétention des 48H00 prenait fin à 07H25) commencent à se sentir faiblards (on approche des midi, leurs estomacs crient famine, ça s’entend!). Vous devinez la pression sur le juge. Le représentant de la préfecture (il y en avait un vu l’importance de l’affaire) commence lui aussi à trouver le temps long et jette des regards d’impatience sur l’interprète qui ne traduit pas la moitié de ce que dit le juge ou la famille……
Bref, du délire! A aucun moment, la juge ne s’émeut de la situation, surtout pas de la présence des enfants. Tout au plus, après avoir rendu son jugement (maintien en rétention, la famille n’ayant pas de passeports, ils sont en Hongrie!), voyant la maman de plus en plus pâle daigne-t-elle faire appeler un médecin! Mais il ne lui vient pas à l’esprit de dire que l’état de santé de la maman est incompatible avec un maintien en rétention (le représentant de la préfecture veille au grain, et les flics aussi, de peur que leur proie – deux adultes et 5 enfants – ne leur échappe!) Avant que les flics ne partent avec leur précieux butin, la juge fera encore une dernière recommandation à la maman: “N’oubliez pas de prendre vos médicaments pour le coeur!”. Quelle sollicitude de la part de la justice de ce pays, la République Française, berceau des Droits de l’Homme!!
Quant à l’avocate, avec laquelle j’ai pu m’entretenir 5 minutes avant le début de l’audience, elle est aussi restée de marbre durant toute la durée de l’audience: pas une question ou presque. Je lui avais suggéré de demander à la juge sur quelle base légale cette dernière allait peut-être décider de maintenir les enfants en rétention avec leurs parents! Mais rien, je n’ai presque pas entendu le son de sa voix durant l’audience (Il n’y en aurait pas eu que l’on ne s’en serait pas aperçu!).
Quant aux greffières (il y en avait deux), pareil: elles étaient comme cachées derrière leur écran d’ordinateur pour ne pas avoir à supporter le regard des parents qui, très dignement, expliquaient qu’ils préféraient retourner au Kosovo (c’était le purgatoire pour eux) plutôt que dans l’enfer de la Hongrie!
Bref, cette audience devant le JLD fût pitoyable d’un côté mais tragique de l’autre. Je me suis demandé après l’audience comment la juge, les greffières et les flics pouvaient tranquillement avaler leur repas de midi et être si insensibles à tant de douleurs infligées en notre nom à des enfants et à des parents impuissants à les protéger du malheur qui les attend en Hongrie (départ prévu mercredi ou jeudi !).
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