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Réembauchées enfin après une si longue attente!

Ce matin, les bâtiments modulaires du Palais de Justice de Strasbourg ont repris du service, le temps de la visite du Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, M. Urvoas.

Entrés vers 10 h 30 dans la salle des pas perdus, nous, les solidaires des femmes de ménage en lutte depuis que le 13 février, elles avaient été abandonnées sur le chantier par leur employeur Arcade, au moment ou le concurrent Samsic prenait le relais, sans les employer, avons pu admirer l’alignement de chaises destinées à recevoir, outre les brochures sur papier glacées, aux frais du contribuable, sur la rénovation des lieux, les postérieurs officiels, civils et militaires protégés par les forces de police de tous corps scrutant les intrus sans carton d’invitation avant de leur demander, poliment, de sortir, d’abord sur le parvis, puis il fallut s’éloigner vers le trottoir, enfin vers l’avant des modulaires sur le quai.

Nous attendions, non pas tant le successeur de Mme Taubira, que les femmes de ménage de retour de signature de contrat, et eûmes le temps de voir les officiels en bagnoles souvent auto-solistes (avec chauffeur), une belle brochette de responsables que vous reconnaîtrez sur les photographies: Ries, Hermann,Hoeffel, Fontanel, Bies, (ça manque de femmes…-etc.

Enfin, après avoir pris des nouvelles auprès de l’avocate, Me Rauch, qui nous annonçait déjà la bonne nouvelle, nous aperçûmes, en deux vagues distinctes, les femmes de ménage dont les sourires épanouis et les “on a gagné” disaient leur bonheur après une lutte exemplaire depuis le 13 février, pour être payées, reconnues et retrouver leur travail. Elles exhibaient fièrement leur nouveau contrat de travail reprenant les modalités du précédent, sauvant ainsi leurs salaires, leur ancienneté et gagnant quelques temps de formation (comme si elles ne l’étaient pas, après des années de travail).

La lutte victorieuse est due d’abord à leur ténacité  tranquille; regroupées dans un angle du Palais de Justice, elles étaient là aux heures de boulot, dans l’attente d’en retrouver un. Elles nous ont confié que tous ceux qui travaillent au Palais passaient à côté d’elles comme si elles étaient invisibles, sans s’enquérir du motif de cette présence régulière, ni leur adresser la parole, à l’exception il y a peu du Procureur qui a parlé au moins à l’avocate! On imagine ce que ça produirait si, comme un mouvement féministe annoncé pour le 8 mars, journée, non de Lafemme, -qui n’existe pas selon Lacan- comme disent les imbéciles, mais des luttes des femmes, tous-tes ces “invisibles” cessaient le travail ensemble, se rendant ainsi visibles par leur absence.

Plus d’aide à la personne, plus de femmes de ménage, plus de plongeurs dans les arrière-salles de restaurant, plus d’agents de sécurité, etc.

Il reste que la victoire à ce jour est incomplète, car deux, sur neuf, des femmes de ménage ne bénéficient pas de la reprise par Samsic, sous le prétexte fallacieux qu’elles travaillaient à l’annexe du tribunal au bout de la rue Vauban! Comme si elles avaient été embauchées par Arcade autrement que les sept autres sur le chantier du palais de justice et des modulaires.

Bref, une belle victoire, à compléter encore, grâce à leur ténacité, à la médiatisation, à la feuille de chou qui fut remerciée, leur avocate, à un militant de l’ATMF, et au soutien d’une conseillère municipale et d’une écologiste.