5 OCTOBRE 1961, communiqué du préfet de police Maurice Papon

« Dans le but de mettre un terme sans délai aux agissements criminels des terroristes, des mesures nouvelles viennent d’être décidées par la préfecture de police. En vue d’en faciliter l’exécution, il est conseillé de la façon la plus pressante aux travailleurs algériens de s’abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne, et plus particulièrement de 20h30 à 5h30 du matin. (…)
D’autre part, il a été constaté que les attentats sont la plupart du temps le fait de groupes de trois ou quatre hommes. En conséquence, il est très vivement recommandé aux Français musulmans de circuler isolément, les petits groupes risquant de paraître suspects aux rondes et patrouilles de police. Enfin, le préfet de police a décidé que les débits de boissons tenus et fréquentés par les Français musulmans d’Algérie doivent fermer chaque jour à 19 heures ».

17 octobre 1961 : contre l’oubli

Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestent pacifiquement à Paris contre le couvre feu discriminatoire qui vient de leur être imposé par Maurice Papon, Préfet de police de Paris. Ils défendaient leur droit à l’égalité, leur droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce jour-là et les jours qui suivirent des centaines de ces manifestants furent tués par des policiers aux ordres de leurs supérieurs. Des milliers ont été arrêtés, emprisonnés, torturés, nombre d’entre eux ont été refoulés en Algérie.

48 ans après, la vérité est en marche mais la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées, en particulier dans la Guerre d’Algérie et dans le cortège de drames et d’horreurs qu’elle a entraîné, ni dans ce crime d’Etat que constitue le 17 octobre 1961. Malgré cela, aujourd’hui, certains osent continuer à parler des « bienfaits de la colonisation », et des honneurs « officiels » sont rendus aux criminels de l’OAS.


Pour que cesse cette injustice qui se double d’un silence complice et voulu

La recherche de la vérité s’impose pour cette période sombre de notre histoire comme cela s’est fait pour la collaboration vichyste avec l’Allemagne nazie. Ce n’est qu’à ce prix que pourront disparaître les séquelles les plus graves de la guerre d’Algérie : le racisme dont sont victimes aujourd’hui nombre de ressortissants d’origine maghrébines ou des anciennes colonies.

“Nous aurions, me semble-t-il, “contre l’oubli”, un premier devoir : pensons d’abord aux victimes, rendons-leur la voix qu’elles ont perdues.”

Jacques Derrida

Samedi 17 octobre 2009

17h 30 au pont Corbeau

Les signataires : Calima, Mémoire et citoyenneté, Union Juive Française pour la Paix

http://www.dailymotion.com/user/f-de_c/video/x6yh73_17-octobre-1961-commemore-a-strasbo