La France et les Etats-Unis possèdent aujourd’hui un trait commun, leurs présidents respectifs sont des métèques. Mais ce trait commun s’accompagne d’une différence essentielle, si la victoire d’Obama représente une victoire contre le racisme, la politique menée par Sarkozy puise aujourd’hui dans le pire de la tradition xénophobe qui s’est développée en France depuis que celle-ci est terre d’immigration.
Aujourd’hui c’est la guerre aux Roms, ces éternels parias de l’Europe. Mais que font-ils donc dans l’Union Européenne ? C’est la question qu’on peut se poser lorsqu’on voit la France renvoyer les Roms en Roumanie et en Bulgarie leurs pays d’origine puis ces pays protester arguant des droits de l’homme alors qu’on sait que les Roms roumains ou bulgares fuient la discrimination dans leur pays ; il est vrai que les Roms ont le choix entre la discrimination en France et la discrimination en Roumanie et en Bulgarie.
Certains déclarent que c’est un problème européen que ni la France ni la Roumanie et la Bulgarie ne peuvent résoudre. Cela rappelle les discours sur les Juifs allemands dans les années trente. Dans les années trente du siècle dernier la police nazie amenait des Juifs à la frontière française et les envoyait de l’autre côté puis la police des frontières française les obligeait à repasser la frontière dans l’autre sens. La question était simple, l’Allemagne ne voulait pas les garder et la France ne voulait pas les recevoir.
Plus tard les démocraties (France, Grande Bretagne, Etats-Unis) organisèrent une grande conférence à Evian en 1938 pour décider du sort des Juifs allemands : il importait de leur trouver un lieu d’accueil, à condition que ce ne soit ni en France, ni en Grande Bretagne, ni aux Etats-Unis. La conférence cessa avec la déclaration de guerre.
Aujourd’hui, on recommence avec les Roms, oubliant qu’ils sont depuis plusieurs siècles les parias de l’Europe et qu’ils furent massacrés avec les Juifs dans les camps de la mort.
Et les pays concernés, la France, la Roumanie et la Bulgarie en appellent à l’Union Européenne pour résoudre le problème, cela pourra faire une conférence qui ne servira à rien.
Certains ministres bien engoncés dans leur xénophobie nous rappellent qu’il ne faut pas confondre, que l’expulsion des Roms n’a rien à faire avec l’antisémitisme des années trente et qu’on ne fait que régler une question d’ordre public. Et pour mieux le montrer, un ministre, Eric Besson, spécialiste de l’identité nationale et de l’immigration, nous rappelle que huit mille trente (8030) Roumains et Bulgares ont été reconduits, c’est-à-dire expulsés, depuis le 1er janvier dernier. Belle comptabilité, Eichmann tenait lui aussi la comptabilité des trains. Mais il ne faut pas confondre, on ne conduit pas les Roms à la mort, on se contente de les renvoyer dans leurs pays d’origine qu’ils ont fuis pour cause de discrimination.
Non il ne faut pas confondre, le crime commence à Auschwitz s’écrient les bonnes âmes ministérielles et quelques autres ; tant qu’il n’y a pas Auschwitz, il n’y a pas crime. Une façon de rendre acceptable les rafles de Roms et les expulsions. En 1976 un journaliste expliquait que si les Français avaient su qu’après la rafle du Vel’ d’Hiv’, il y avait Auschwitz ils auraient protesté, une façon de dire de rendre acceptable la rafle, d’occulter le fait que la rafle est un crime. Sordide.
Et le Grand Rabbin de France, Bernheim, oublieux du passé, se permet de mettre en garde contre les confusions et de déclarer qu’une véritable guerre avait été lancé contre la police. Peut-être aurait-il pu rappeler la méchante guerre menée contre la police française qui a participé à la rafle du Vel’ d’Hiv’ ?
Tout cela se situe dans la grande tradition xénophobe française, y compris sous sa forme de xénophobie d’Etat telle qu’elle apparaît à travers divers textes de loi et diverses pratiques qui se sont développées depuis que la France est terre d’immigration.
Rien de bien nouveau si ce n’est que le grand organisateur de cette politique est aujourd’hui un métèque arrivé au sommet de l’Etat et qui s’imagine avoir acquis la souche française parce qu’il est devenu chasseur de métèques.
rudolf bkouche
membre de l’UJFP et de IJAN
Aucun commentaire jusqu'à présent.