Asile: L’UE veut se doter d’une procédure d’alerte
BRUXELLES – Le Parlement européen (PE) s’est prononcé mercredi pour l’adoption d’une procédure d’alerte en matière d’asile afin de contraindre les Etats membres à se doter de capacités d’accueil dignes de ce nom pour les réfugiés et les migrants en quête d’une protection.
La mesure approuvée au sein de la Commission des Libertés par 41 élus contre cinq et dix abstentions permet de verrouiller un accord politique avec les Etats membres, a souligné l’élue libérale suédoise Cécilia Wikström qui a présenté ce texte.
Nous devons être pragmatiques, a-t-elle plaidé en réponse aux élus qui jugent cette mesure insuffisante.
Les gouvernements européens refusent en effet catégoriquement toute modification ou suspension de la règle dite de Dublin II, qui veut qu’une demande d’asile soit traitée par le pays où le réfugié est arrivé en premier, même s’il a gagné ensuite un autre pays de l’UE.
Au bout de deux ans et demi de négociations nous étions arrivés dans une impasse et nous devions en sortir, car sinon aucun accord n’aurait été trouvé pour parvenir à un système européen d’asile, a expliqué Mme Wikström au cours d’un entretien avec trois journalistes dont le correspondant de l’AFP.
Les mesures approuvées mercredi par la Commission des Libertés du PE doivent encore être avalisées par l’ensemble des eurodéputés. Le vote devrait être inscrit à l’ordre du jour de la session plénière de décembre, espère Mme Wikström.
L’objectif avec cette procédure d’alerte est d’éviter que d’autres Etats se retrouvent dans la situation de la Grèce, dont le système d’asile s’est effondré, a confié à l’AFP un diplomate européen sous couvert de l’anonymat.
Il faut détecter les insuffisances a l’avance pour éviter les problèmes, a-t-il expliqué.
L’Italie commence a poser problème, car avec la crise, le gouvernement a réduit son programme d’extension de ses capacités d’accueil, et si la Commission ne réagit pas, l’Italie risque à terme de se retrouver dans la situation de la Grèce, a-t-il averti.
Les autorités suédoises ont déjà décidé pour ces raisons de ne plus renvoyer en Italie certains demandeurs d’asile arrivés en Europe par ce pays avant de gagner la Suède, a révélé Mme Wikström.
Cette situation préoccupe la commissaire européenne chargée des Affaires intérieures Cecilia Malmström, a indiqué son entourage.
L’UE a accordé une protection à 84.100 demandeurs d’asile en 2011, mais sept pays seulement, dont la France, assument l’essentiel de l’accueil, selon des données publiées par l’office européen des statistiques Eurostat.
Cecilia Malmström a salué l’accord politique trouvé entre le Parlement et les Etats pour instaurer ce système d’alerte, considéré comme un grand pas vers l’adoption d’un système d’asile commun.
Les demandeurs d’asile ont besoin de protection et nous devons nous assurer de les accueillir de manière digne, a-t-elle souligné.
Le texte proposé par sa compatriote Cecilia Wikström codifie par ailleurs la jurisprudence de la Cour européenne de Justice, qui a imposé de ne plus renvoyer de demandeurs d’asile en Grèce en raison des mauvais traitements dont ils sont victimes dans ce pays.
Cette disposition pourra être invoquée par les demandeurs d’asile qui devront démontrer avoir été victimes de conditions d’accueil dégradantes ou humiliantes dans le pays chargé de gérer leur demande d’asile. L’examen ses fera au cas par cas, a toutefois indiqué la Commission européenne.
Le problème est que les Grecs traînent les pieds pour améliorer les conditions d’accueil, ont déploré plusieurs sources européennes sous couvert de l’anonymat. Et les Italiens font la même chose car cela les arrange, a ajouté l’une de ces sources.
(©AFP / 19 septembre 2012 16h49)
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