Depuis une dizaine de jours, les archéologues d’Archéologie Alsace, assistés de conducteurs de pelles mécaniques, procèdent à des diagnostics des terrains situés sur le tracé du projet du GCO. Depuis lundi dernier, une entreprise balise les terrains pour guider le travail d’autres diagnostics à venir. Ce mercredi matin, les travaux ont connu une accélération et pris une nouvelle ampleur, par l’arrivée sur site des archéologues de l’INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) qui, avec l’aide de 5 pelles mécaniques, ont entamé de nouvelles excavations.
Les travaux effectués par Archéologie Alsace depuis plusieurs jours :
Sur le même site, une foreuse est à l’œuvre, sans doute pour le compte direct de Vinci :
Depuis le 22 novembre, un nouveau site de chantier est apparu dans le paysage, celui de l’INRAP avec l’installation d’une base de vie pour les chercheurs (Algeco, toilettes…) et l’arrivée de 5 pelles mécaniques. Les premiers coups de pelles ont commencé le 23 novembre en début d’après-midi.
Cette nouvelle installation a donné lieu à la première manifestation d’opposants au GCO sur un lieu de travaux préalables à la construction de la future autoroute.
A l’appel des associations GCO non merci et Les Fédinois contre le GCO, le lieu de rendez-vous devant la mairie de Vendenheim avait été largement diffusé par mail et sur Facebook, on a donc vu des gendarmes présents sur le parking avant même l’arrivée des premiers opposants…
Arguant de l’état d’urgence, deux gendarmes sont venus à la rencontre des opposants pour leur signifier que tout rassemblement était interdit et qu’ils étaient d’autant plus en droit de contrôler leurs identités. L’un des habitants de Vendenheim, opposant au GCO parce qu’il subit déjà les effets néfastes de l’A35 toute proche, a été bousculé par un gendarme parce qu’il ne se pliait pas au contrôle d’identité ! Toutes les plaques d’immatriculation des voitures des opposants qui s’étaient garés sur le lieu du rendez-vous ont été également relevées !
Ainsi, c’est de manière éparse que les habitants-opposants au GCO se sont rendus sur le nouveau chantier de l’INRAP un peu avant 14h.
Là, ils ont tenté d’approcher les personnels de l’INRAP sous l’étroite surveillance d’un déploiement inapproprié de gendarmes. Une fonctionnaire des Renseignements territoriaux était également sur place ainsi qu’une journaliste et un photographe des DNA.
Finalement les opposants ont pu s’entretenir avec les personnels et un responsable de chantier INRAP qui ont répondu à leurs interrogations et expliqué leur position inconfortable. Les questions concernaient en particulier le droit d’accès aux parcelles mais aussi la pollution générée par le travail des pelleteuses et les nombreuses zones d’ombre qui entourent le projet de Vinci. Du côté des archéologues, l’accent a été mis sur leur mission de préservation du patrimoine en sous-sol et de sa valorisation, les diagnostics et sondages préalables à tout nouvel aménagement de terrain étant effectués dans ce sens et non dans l’intérêt du porteur du projet, Vinci en l’occurrence. Autrement dit, ce n’est pas parce qu’ils travaillent dans le cadre du projet du GCO qu’ils sont aux ordres de Vinci, ni même qu’ils approuvent le projet. Preuve en est qu’en cas de découverte de vestiges intéressants, une fouille plus détaillée serait demandée ce qui ralentirait le chantier du GCO voire que la découverte d’un site exceptionnel pourrait tout bonnement interdire le projet. On imagine Vinci priant tous les soirs pour que cette découverte ne se fasse pas…
Les archéologues qui semblaient comprendre le désarroi des habitants-opposants, ont tout de même laissé entendre que retarder leur travail ne servait pas la cause du patrimoine, et prévenu que l’éventuel blocage total de leur activité par les habitants-opposants pourrait aussi, comme cela s’est déjà vu, conduire le préfet, qui donne les autorisations de fouilles via la DRAC, à passer outre la phase de diagnostics archéologiques et autoriser directement Vinci à démarrer le chantier du GCO.
Du point de vue des habitants-opposants, en revanche, le travail des archéologues ne peut se réduire à la simple préservation du patrimoine, ils participent de fait à la mise en place du projet de Vinci dont ils sont la phase initiale et les premiers jalons. Pour cette raison, le maire anti-GCO d’Eckwersheim a refusé la présence des archéologues et de leur matériel sur les terrains de sa commune, non pour empêcher leur mission patrimoniale mais bien pour bloquer la première phase du projet.
Servir la cause du patrimoine commun
L’argument majeur des archéologues tient à leur mission de servir la cause du patrimoine. Même s’il est évidement plus louable de défendre le patrimoine commun que les intérêts de Vinci, encore faut-il s’entendre sur la notion de patrimoine.
Si l’on considère que le patrimoine est constitué de la somme d’informations, de sites et d’objets témoins de l’histoire présents sur -et sous- un territoire donné, alors les archéologues qui fouillent actuellement sur le futur tracé du GCO sont de bons défenseurs du patrimoine. En revanche, si l’on considère que le patrimoine regroupe l’ensemble des biens et richesses naturelles (géologie, flore, faune, eau, éco-système…) et culturelles (histoire, langues, traditions, modes de vie, habitat, savoir-faire…), c’est à dire, tout ce qui constitue un patrimoine vivant dont nous avons hérité, dont nous bénéficions chaque jour et que nous nous efforçons de transmettre dans le meilleur état possible aux générations futures, alors, les habitants-opposants au GCO, les résistants à tous les Grands Projets Inutiles et les zadistes tout-terrain sont de bien meilleurs défenseurs du patrimoine passé, actuel et à venir que les archéologues ! Puisque le projet de Vinci va impacter tous les patrimoines réunis (avec l’expropriation et la vente des terres, les savoir-faire paysans vont se perdre, les paysages vont être profondément remodelés et pas seulement aux abords du tracé, certains animaux vont périr… ), alors les archéologues devraient rejoindre les opposants du GCO en tant que défenseurs des patrimoines !
D’ailleurs la gendarmerie a semble-t-il déjà prévu cette éventualité puisqu’elle a également relevé les plaques minéralogiques des voitures de fonction et des véhicules personnels des archéologues de la même manière qu’elle l’avait fait, quelques minutes avant, pour les véhicules des opposants au GCO !
Il semblerait que la chasse aux opposants soit ouverte…
Durga-L.O
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Nous inaugurons aujourd’hui une série de photos de lieux de vie et paysages qui vont être impactés et /ou qui vont disparaître tout au long des 24km du tracé Nord-Sud du GCO.
Notre première série de photos commence par les 4 premiers kms du tracé, de la Forêt de Krittwald (dont plus de 10 hectares vont être anéantis) aux pentes douces du Lerchenberg.
Abords du Canal de la Marne au Rhin
Ferme du Bruehl
Le Muehlbach
Hirtenacker
Niefernweg
Vallée du Muhlbaechel et Lerchenberg
Déjà les premiers piquets en contrebas du Niefernweg annoncent les excavations à venir dans quelques jours…
Nos articles précédents:
Le tracé du futur GCO s’impose déjà dans le paysage alsacien
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Comprendre le GCO en 6 minutes :
Bénie soit la feuille de chou !
Merci pour cet excellent travail qui nous rappelle que pendant que Fillon et Juppé nous annoncent avec enthousiasme qu’ils vont massacrer notre protection sociale, notre droit du travail et nos services publics, avec un avenir plus que délétère pour tous ceux qui ont moins de 55 ans (ceux qui ont regardé les derniers meetings auront vu l’âge moyen de leur électorat…), le massacre de notre environnement, de notre qualité de vie future et la captation de l’argent que nous ne pourrons plus réserver à l’intérêt général (par nos impôts) continue de plus belle !
Les jeunes, réveillez-vous, ce n’est pas cet hiver qu’il faut hiberner !